M A G H R E B

E M E R G E N T

Maghreb

Dépendance alimentaire de l’Algérie et du Maghreb : le rapport qui fait frémir

Par Maghreb Émergent
5 novembre 2015

C’est un rapport de l’Institut national français de la recherche agronomique (INRA) qui devrait donner des crampes d’estomac aux dirigeants algériens et à ceux des autres pays d’Afrique du nord et du Moyen-Orient: notre dépendance aux importations qui est déjà une des plus élevées au monde risque d’atteindre des niveaux encore plus grands d’ici 2050 du fait de la combinaison de la croissance démographique, de l’évolution des régimes alimentaires et aussi de l’impact du changement climatique.

La région Afrique du Nord – Moyen-Orient (ANMO) qui est déjà considérée comme un « point chaud » climatique connait une dépendance céréalière parmi les plus élevées au monde. Elle importe déjà 40% de ses besoins alimentaires. Ce chiffre pourrait dépasser les 50% à l’horizon 2050 « si les effets du changement climatique ne sont pas contenus « .
« Dans une région complexe au plan géopolitique, les importations agricoles et les politiques alimentaires pèsent dans le budget des états et atteignent leurs limites en matière de lutte contre la pauvreté  » note l’étude
L’évolution dans la région ANMO est un « miroir grossissant des défis alimentaires mondiaux et [… le] baromètre des compétitions auxquelles participent les grands acteurs agricoles de la planète « .
Les chiffres sont éloquents : la dépendance alimentaire s’est multipliée par quatre en 50 ans alors que la population s’est multipliée par 3,5 avec un régime alimentaire qui s’est « occidentalisé « .
Sous ces effets conjugués, la demande en produits agricoles est multipliée par six, celle en produits végétaux est multipliée par huit… La production céréalière a augmenté par quatre mais elle est insuffisante pour satisfaire les besoins.

Que faire ?

Les importations de blé sont passées de 5 à 44 millions de tonnes, celles du maïs qui n’étaient de 300.000 tonnes en 1961 ont atteint les 23 millions de tonnes importées en 2011. L’importation des produits sucriers a été multipliée par 15, pour atteindre 12 millions de tonnes avec un taux de dépendance de 37 %.
Cette évolution est-elle évitable ? Selon l’étude cette dépendance alimentaire pourrait être limitée à l’horizon 2050 dans le cas où trois leviers agissent simultanément : le progrès technique qui augmenterait la production locale, le changement de régime alimentaire s’orientant vers la diète méditerranéenne, et la réduction des pertes et gaspillages.
La combinaison des trois leviers – progrès technique, régime alimentaire, pertes et gaspillages – pourrait être efficace, mais cela « suppose des politiques publiques fortes en appui « . L’option la plus efficace serait de limiter le changement climatique, « ce qui suppose là-encore un engagement politique. « 

Scénario catastrophe

Les tendances évoquées se fondent sur les effets du changement climatique tels qu’ils se sont exprimés au cours des vingt dernières années. Des effets qui sont « encore relativement faibles « . La situation deviendra particulièrement noire dans le cas du scénario le plus sévère envisagé par le GIEC.
« Pris isolément, aucun de ces leviers n’a d’effet. Dans le cas où aucune mesure ne serait prise pour limiter le changement climatique, on anticipe une forte croissance de la dépendance alimentaire : le Maghreb serait particulièrement exposé, perdant 50 % de ses terres cultivables  » note le rapport en relevant que les effets climatiques auront pour effet d’accentuer les tensions sur l’utilisation de l’eau et des sols et celles liées à l’urbanisation et à la main d’œuvre.
Les conditions de la production agricole se dégradant, la dépendance aux importations du Maghreb pourrait atteindre les 68%. Une « situation préoccupante » note le rapport : « On connait les risques qu’il y a pour les Etats comme pour les économies, à atteindre de tels niveaux de dépendance : déséquilibre des balances commerciales, alourdissement potentiel des dettes d’Etat, exposition forte aux fluctuations des marchés mondiaux, crises alimentaires récurrentes, etc. « .

Avis à ceux qui nous gouvernent…

ARTICLES SIMILAIRES

Actualités High-Tech

5G au Maroc : entre ambitions élevées et défis persistants

L’Agence nationale de régulation des télécommunications (ANRT) a annoncé l’ouverture des appels d’offres pour l’attribution des licences d’établissement et d’exploitation des réseaux 5G au Maroc. Cette annonce marque une étape… Lire Plus

Actualités Maghreb

Agriculture : le dessalement de l’eau, un choix vital mais coûteux pour le Maroc

Face à une sécheresse historique aggravée par le changement climatique, le Maroc a fait du dessalement de l’eau de mer une solution stratégique, notamment dans la région agricole du Souss-Massa,… Lire Plus

Actualités Commerce

La BAD soutient le commerce tunisien avec une garantie de 50 millions de dollars

Le Conseil d’administration du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD) a approuvé une facilité de garantie de financement du commerce d’un montant de 50 millions de dollars en… Lire Plus

Actualités Maghreb

Le japonais IIDA veut investir dans le secteur électronique en Tunisie

Le leader asiatique des services de production électronique, IIDA Electronics, a effectué le 19 juin une visite de prospection en Tunisie, en vue d’un éventuel investissement industriel. La délégation japonaise… Lire Plus

Actualités Maghreb

Situation économique en Tunisie : Kaïs Saïed face aux défis d’un pays en crise

Treize ans après la chute de Ben Ali, la Tunisie s’enlise dans une crise économique majeure et une recomposition politique sans précédent. Alors que le pays tente de relancer son… Lire Plus