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Dépréciation monétaire : le dinar engagé dans une descente aux enfers en 2020

Par Aboubaker Khaled
29 décembre 2020

Le dinar algérien a été l’objet de dépréciations historiques en 2020. Au mois de janvier, la monnaie algérienne s’échangeait à 133,1 DA pour 1euro et 120 DA pour 1 dollar US, au taux officiel.

Le 29 décembre 2020, le dinar valait 161,6 DA pour 1 euro et 132,2 DA pour 1 dollar US. Un niveau défiant toutes prévisions possibles et imaginables, que même la dévaluation prévue dans la loi de finances 2021, n’est pas censée atteindre.

En revanche, le marché parallèle de change, qui, même en contexte de crise absolue, a pu maintenir une certaine stabilité pendant près de 9 mois malgré la fermeture des frontières, se permet le luxe d’entamer une tendance haussière, en cette fin d’année.

Les rumeurs circulant autour d’une éventuelle reprise des vols internationaux, à partir de janvier ont eu pour effet de galvaniser les esprits et stimuler la demande. Au célèbre marche informel du square Port Said, un euro s’échange actuellement contre 230 dinars, plus ou moins, alors que le billet vert s’échange à plus de 172 DA.

L’écart se creuse entre l’Euro et le dollar

La dégringolade du dinar face à l’Euro et le dollar US a été relevée par le Cercle d’action et de réflexion pour l’entreprise (Care), dans sa dernière évaluation du “tableau de bord de l’économie nationale ».

En effet, Care indique qu’en « 2020, il faut débourser (en moyenne annuelle) un peu plus de 144 dinars pour avoir un euro et un peu plus de 127 dinars pour avoir un dollar américain. Le différentiel qui existait entre ces deux monnaies de référence en 2011 et qui était de l’ordre de 40% environ s’est réduit à 13 % seulement en 2020, ce qui impacte les arbitrages en termes de commerce extérieur.

Source: Cercle d’action et de réflexion pour l’entreprise (Care)

L’autre explication nous vient de la bouche Fayçal Senator, ancien cadre de la Banque d’Algérie, qui estime que hormis les opérations de dévaluation du dinar déclarées par le gouvernement, il y a notamment « l’écart qui s’est creusé au début de l’année entre l’Euro et le dollar US, au fait que le dollar a perdu des points contre la monnaie européenne, sur les marchés mondiaux ». Certes, depuis le mois de mars, sous les effets de la crise sanitaire, le billet vert a perdu près de 12 % de sa valeur face à l’euro, passant de 1,06 à 1,19 dollar fin juillet.

L’Etat hors du temps ?

Cette situation quasi inédite serait due « à la faiblesse de l’économie algérienne ». C’est du moins l’explication servie par le ministre des Finances, Aymen Benabderrahamane, à la commission des Finances de l’APN.

Néanmoins, le premier argentier du pays estime que le programme de relance économique, tracé depuis le début de l’année 2020, sera « concrétisé à partir du mois de janvier 2021, notamment à travers des projets structurants », ce qui devrait, selon lui, donner un peu de tonus à l’économie nationale.

A ce titre, la loi de Finances 2021, qui reste en suspens pour cause d’absence de Abdelmadjid Tebboune, prévoit « une dépréciation progressive du dinar sur trois ans. Un taux de 142 dinars pour un dollar américain en 2021, 149,71 dinars en 2022. Or, il convient de signaler que ce taux est déjà dépassé avant même l’entrée en vigueur de la nouvelle loi.

Les effets de la crise pèsent lourd sur le dinar

Malgré les prévisions alarmantes quant à la poursuite des effets néfastes de la pandémie sur l’économie mondiale, jusqu’à la 2ème moitié de 2021, ainsi que ses effets l’économie nationale et mondiale, notamment sur les prix des hydrocarbures, les raisons qui fragilisent encore plus la monnaie algérienne sont plutôt pléthoriques.

Face à l’inertie des autorités, symbolisée par l’immobilisme de la Banque d’Algérie en matière de régulation monétaire, l’on peut également lister plusieurs facteurs endogènes et exogènes, tels l’absence de la diversification, qui expose l’économie nationale aux fluctuations du prix du baril de pétrole et par ricochet, à la rareté des ressources financières ; la baisse des réserves de change ; le déficit budgétaire qui ne cesse de se creuser (2700 milliards de dinars pour 2021) ; un marché et un code des investissements sclérosés, et enfin la une crise politique qui dure depuis des années, ayant pour effet d’entamer la confiance des investisseurs étrangers qui se font de plus en plus rares.

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