Les exportations espagnoles vers l’Algérie ont bondi de 162 % entre janvier et mai 2025 par rapport à la même période en 2024, selon les chiffres officiels du commerce extérieur. Avec 900 millions d’euros de chiffre d’affaires sur ces cinq mois, les échanges se rapprochent des niveaux d’avant la crise diplomatique de 2022, née des mesures de rétorsion prises par Alger après le virage du gouvernement de Pedro Sánchez sur la question du Sahara occidental.
El Independiente illustre ce regain par le cas de l’industrie de la céramique, particulièrement pénalisée par la crise. Manuel Breva, secrétaire général de l’ANFFECC (association regroupant 22 producteurs), assure au journal que « l’activité commerciale avec l’Algérie évolue avec des chiffres très similaires à ceux d’avant 2022 ». Entre janvier et février 2025, les exportations espagnoles de céramiques ont atteint 17,8 millions d’euros, contre 19 millions pour l’Italie et 9,5 millions pour la Turquie.
« L’Espagne tente de récupérer sa position en Algérie après le virage sur le Sahara, tandis que l’Italie consolide son avantage », notait le 2 août 2025 El Español. Pour étayer son propos, le quotidien cite Alfonso Tapia, PDG du cabinet de conseil Omnicrea : “ Dans tous les ports — Barcelone, Valence, Algésiras, Carthagène — et dans presque toutes les communautés autonomes, on est passé de zéro, c’est-à-dire de rien, à beaucoup. Les transactions augmentent dans tous les domaines, en particulier les produits semi-finis, l’industrie, les produits chimiques, les émaux, les matières premières et les machines.”
Un “effet Meloni” observé avec moins d’acrimonie qu’en France
« L’Espagne rétablit ses échanges commerciaux avec l’Algérie en un temps record », titrait récemment *El Independiente*. Quelques mois plus tôt, en octobre 2024, le journal avait pourtant consacré un long article aux relations algéro-italiennes sous un titre évocateur : « Pourquoi le plan Mattei de Meloni séduit l’Algérie et devrait inquiéter l’Espagne ».
Le Plan Mattei, lancé par Rome, prévoit 5,5 milliards d’euros d’investissements en Afrique dans les secteurs de l’énergie, de l’agriculture, de la formation et de la santé, avec une stratégie assumée de “gagnant-gagnant” pour se distinguer de l’héritage colonial français.
Si l’offensive de Giorgia Meloni en Algérie suscite en France des réactions parfois acrimonieuses — certains médias parlant de “quasi-trahison” envers Paris —, la presse espagnole l’observe avec prudence, mais sans hostilité. La progression des relations entre Alger et Rome est généralement perçue comme ne se faisant pas “contre” l’Espagne. Une exception : le site conservateur « OK Diario », qui estime que « les politiques italiens sont plus intelligents que les Espagnols… et occupent la place de l’Espagne en Algérie ».