Le retrait des États-Unis du Partenariat pour une transition énergétique juste (JETP) avec l’Afrique du Sud sera-t-il une opportunité ou un mirage pour l’Algérie ? En se désengageant de cet accord international, Washington redessine-t-il involontairement le paysage énergétique africain au profit d’Alger ?
Dans un contexte géopolitique en mutation, l’Afrique du Sud se trouve à un carrefour énergétique crucial. Fortement dépendante du charbon qui représente 80% de sa production électrique, le pays sera forcé de trouver de nouveaux partenaires et modèles de financement suite au désengagement américain du JETP.
Ce bouleversement géopolitique ouvre précisément une fenêtre stratégique pour l’Algérie. Le 6 décembre 2024, la signature d’un partenariat bilatéral entre Alger et Pretoria a posé les fondations d’une coopération multisectorielle. Cinq accords conclus, couvrant la recherche agricole, la collaboration spatiale et l’entrepreneuriat, constituent désormais un socle diplomatique prometteur.
Pour comprendre l’ampleur de cette opportunité, il suffit de jeter un regard sur les dynamiques commerciales actuelles. Les échanges entre l’Algérie et l’Afrique du Sud représentent moins de 2% de leur commerce extérieur total. À l’échelle continentale, seulement 12% des échanges commerciaux africains se font à l’intérieur du continent, contre 72% pour l’Europe et 58% pour l’Asie. Le désengagement américain pourrait donc accélérer une nécessaire diversification commerciale.
L’Algérie dispose d’atouts majeurs pour saisir cette opportunité. Son programme ambitieux de production de 15 000 MW d’énergie solaire, ses réserves significatives de minerais critiques et son excédent électrique de 10 TWh la positionnent comme un acteur énergétique crédible et attractif.
Un paradoxe géopolitique émerge : parallèlement à son retrait du JETP, les États-Unis maintiennent et renforcent leur coopération énergétique avec l’Algérie. Des géants pétroliers comme ExxonMobil et Chevron explorent activement de nouvelles perspectives d’investissement, ayant récemment signé un accord pour étudier le potentiel offshore algérien.
Consciente de cet environnement mouvant, l’Algérie déploie une stratégie proactive. De l’exposition de produits nationaux à Johannesburg à la participation à des forums économiques et à la préparation de la Foire commerciale intra-africaine, le pays multiplie les initiatives pour consolider sa position.
Au-delà d’une opportunité conjoncturelle, le désengagement américain pourrait bien marquer le début d’une recomposition profonde des alliances énergétiques africaines.
Yasser K.