“La France menacée de payer plus cher que l’Italie pour s’endetter”, titre aujourd’hui le quotidien Le Monde, soulignant un renversement inédit entre deux grandes économies du sud de l’Europe.
Rome réduit son déficit et gagne la confiance des agences de notation, tandis que Paris voit sa trajectoire budgétaire se dégrader. Bientôt, la France pourrait devoir emprunter à un coût supérieur à celui de son voisin, s’inquiète le journal. Pendant longtemps perçue comme le maillon faible de la zone euro, l’Italie suit désormais une trajectoire rassurante.
Son déficit, qui culminait à près de 9 % du PIB en 2020 dans le contexte de la crise sanitaire, a fortement reculé : 3,4 % en 2024, et 2,6 % attendus en 2027. Si sa dette reste élevée (138 % du PIB), les mesures de rigueur mises en place par le gouvernement Meloni – fin du « superbonus » de rénovation énergétique, suppression progressive du revenu de citoyenneté, baisse des dépenses publiques de 3,6 % en 2024 – ont convaincu les agences de notation de revoir leur jugement.
En France, le déficit reste significatif : 5,8 % du PIB en 2024, autour de 5 % prévu en 2026 selon Moody’s. La dette atteint 114 % du PIB. Instabilité politique et difficultés à tenir les engagements de réduction du déficit rendent les marchés prudents, entraînant une hausse des coûts d’emprunt.
Taux d’emprunt : la France rejoint l’Italie
En 2011, l’écart entre les taux d’emprunt français et italiens était spectaculaire : pour placer ses obligations à dix ans, l’Italie devait offrir 4 points de rendement supplémentaires par rapport à la France. Concrètement, la France empruntait à 3 %, l’Italie à 7 %. Une prime de risque élevée traduisant la défiance persistante des marchés envers Rome.
Quatorze ans plus tard, la situation a complètement changé. En août 2025, la différence entre les taux français et italiens à dix ans s’est réduite à moins de 0,05 %, un niveau historiquement bas. Pour les obligations à cinq ans, l’écart a même disparu depuis juillet. Les investisseurs considèrent désormais les deux pays sur un pied d’égalité. Si la tendance se confirme, la France pourrait bientôt offrir un rendement supérieur à celui de l’Italie pour attirer les capitaux – un retournement inédit depuis deux décennies.
