Longtemps, l’écosystème des start-up en Algérie s’est appuyé quasi exclusivement sur le Fonds national des start-up (ASF) pour soutenir financièrement les jeunes pousses du pays. Créé en 2020 par six banques publiques, l’ASF a joué un rôle pionnier en prenant des participations dans les phases de lancement et de développement des entreprises innovantes. Mais face à la croissance rapide du nombre de start-up et à la diversité de leurs besoins, cette approche montre aujourd’hui ses limites.
La nécessité de diversifier les mécanismes de financement est devenue une priorité pour les acteurs publics et privés. Nassima Arhab, secrétaire générale du ministère de l’Économie de la connaissance, des Start-up et des Micro-entreprises, a souligné en novembre dernier que “l’accompagnement financier assuré jusque-là par l’ASF reste insuffisant, non par sa structure, mais au regard de l’écosystème des start-up dans son ensemble”.
En effet, le modèle bancaire traditionnel impose plusieurs contraintes aux entreprises innovantes. Il se caractérise par une rigidité des critères d’évaluation, qui se révèle peu adaptée aux projets disruptifs. Les exigences de garanties demandées sont souvent inaccessibles pour les jeunes entreprises, ce qui limite leur accès au financement. De plus, les banques disposent d’une faible capacité à évaluer le potentiel technologique des projets novateurs. Enfin, l’accompagnement proposé se limite généralement au volet financier, sans apporter d’expertise sectorielle.
Un nouveau cadre réglementaire transformateur
L’adoption du cadre réglementaire pour les Fonds communs de placement à risque (FCPR), publié au Journal officiel en mai 2025, représente une avancée significative. Ce dispositif autorise la création de structures modernes comme les FCPR et les Sociétés d’investissement à capital-risque (Sicar), conçues pour investir directement dans les sociétés non cotées.
Ce jeudi, Noureddine Ouadah, ministre de l’Économie de la connaissance, des Start-up et des Micro-entreprises, a affirmé sur les ondes de la Radio algérienne que “notre réglementation place l’Algérie au niveau des grandes places financières mondiales, avec des textes clairs et compatibles avec les exigences des marchés internationaux”.
Le texte introduit notamment le modèle GPLP (General Partner/Limited Partner), standard mondial du capital-investissement, permettant aux fonds étrangers d’opérer en Algérie avec les mêmes mécanismes qu’à l’international.
Les avantages concrets pour l’écosystème
Les nouveaux outils mis en place offrent de nombreux avantages concrets à l’ensemble de l’écosystème. Pour les start-up, ils permettent d’accéder à des capitaux adaptés à chaque phase de leur développement, tout en bénéficiant d’un accompagnement stratégique assuré par des investisseurs expérimentés. Ce soutien s’accompagne d’une validation du modèle économique, ce qui renforce la crédibilité du projet. De plus, les jeunes entreprises profitent de réseaux d’affaires élargis grâce aux portefeuilles des investisseurs.
Du côté des investisseurs, ces outils favorisent la diversification des placements vers des secteurs innovants et offrent des perspectives de rendements attractifs sur le long terme. Ils garantissent également un cadre juridique conforme aux standards internationaux, tout en donnant la possibilité aux investisseurs de jouer un rôle actif dans la gouvernance des entreprises financées.
Les premiers résultats sont encourageants et laissent entrevoir des perspectives prometteuses. À ce jour, 144 projets ont déjà été soutenus par des sociétés de capital-investissement agréées, pour un montant total de 6,7 milliards de dinars. Ces solutions alternatives séduisent particulièrement les entreprises qui n’ont pas accès au crédit bancaire classique.
Le ministre a par ailleurs invité la diaspora algérienne à s’impliquer activement dans la structuration de ce nouveau marché, soulignant que la participation des compétences algériennes à l’étranger est essentielle pour accélérer le transfert de savoir-faire dans le domaine du financement innovant.
Cette transformation s’accompagne d’initiatives complémentaires, telles que l’élaboration d’un cadre légal pour le financement participatif, le lancement de plateformes numériques dédiées et l’encouragement de la participation du secteur privé national.
Selon le ministre, “ce règlement constitue un levier important pour l’écosystème des start-up, grâce à la simplicité qu’il offre dans la création et la gestion de ces fonds, facilitant ainsi l’implication des investisseurs et des bailleurs de fonds dans le soutien à l’innovation et à l’entrepreneuriat”.
La diversification des sources de financement marque ainsi une évolution pour les start-up algériennes. L’ouverture à des fonds spécialisés, à l’investissement privé et à des outils innovants comme les FCPR annonce une nouvelle phase, où l’écosystème pourra s’appuyer sur une gamme complète de solutions pour soutenir l’innovation et la croissance.