Le Front des Forces Socialistes (FFS) a réagi avec fermeté au drame survenu vendredi à El Harrach, où la chute d’un bus de transport dans l’oued a coûté la vie à 18 personnes, suscitant une vive émotion à travers le pays. Dans un communiqué, rendu public ce dimanche, le parti a exigé l’ouverture d’une enquête sérieuse afin de « situer toutes les responsabilités dans ce drame ».
Le FFS propose également l’organisation d’assises nationales pour la sécurité routière, qui réuniraient l’ensemble des acteurs concernés — institutions de l’État, syndicats de transporteurs, associations, experts et collectivités locales — pour dresser un diagnostic partagé et établir une feuille de route claire. L’objectif, selon le parti, est d’aboutir à un « plan d’action national assorti de moyens, de délais et de mécanismes de suivi afin de mettre fin à une hécatombe devenue insoutenable ».
Pour le FFS, et contrairement à certaines grilles de lecture, la responsabilité incombe pleinement à l’État, accusé de « faillite systémique » dans la gestion du secteur du transport et de la sécurité routière. « Il faut le dire clairement, sans ambiguïté, la responsabilité des pouvoirs publics est entière et multisectorielle. Ce drame révèle une faillite systémique dans la gestion du secteur du transport et de la sécurité routière », note le texte signé par le premier secrétaire du parti, Youcef Aouchiche.
Le communiqué rappelle que la situation dramatique sur les routes perdure depuis des années. En 2024, selon les chiffres officiels, 3 740 personnes ont perdu la vie et 35 556 autres ont été blessées dans 26 272 accidents. Des statistiques effroyables qui traduisent, selon le parti, l’ampleur du désengagement de l’État dans un domaine pourtant stratégique.
Le FFS pointe plusieurs causes structurelles : dégradation des routes, vétusté du parc de bus, entraves bureaucratiques freinant l’importation de véhicules modernes, contrôles techniques fictifs, absence de formation et de suivi médical des chauffeurs, et anarchie généralisée dans le secteur. Autant de facteurs qui traduisent, selon lui, une politique publique défaillante.
Rompre avec les politiques et la gestion du passé
Fidèle à son rôle d’opposition constructive, dit-il, le FFS rappelle enfin ses propositions contenues dans son programme « Vision » décliné par le premier secrétaire lors de la campagne électorale pour la présidentielle de septembre 2024.
À court terme : lever les obstacles bureaucratiques à l’importation de véhicules et de pièces de rechange, retirer de la circulation les bus dangereux, et renforcer les contrôles techniques.
À moyen terme : créer des établissements publics dans chaque wilaya pour réorganiser le transport, lancer un plan de renouvellement du parc national de bus et instaurer un encadrement strict du personnel de transport (formation, suivi médical, limitation des heures de conduite).
À long terme : bâtir une politique nationale de mobilité durable et multimodale, intégrant rail, métro et tramway, et déployer des technologies modernes de contrôle (permis à points, mouchards électroniques, double chauffeur sur longues distances, etc.).
Pour le parti, le drame d’El Harrach « ne doit pas être un deuil de plus, mais un point de rupture avec les politiques et la gestion du passé ». La sécurité routière, conclut-il, doit devenir une priorité nationale permanente, au cœur des responsabilités régaliennes de l’État.