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Economie : Tebboune tente un parallèle entre l’Algérie et l’Italie…Réelle stratégie ou coup d’esbrouffe envers la France ?

Par Maghreb Émergent
11 octobre 2021

A quelques jours d’une visite d’Etat entamée par le président italien en Algérie, Abdelmadjid Tebboune, semble avoir un faible pour l’économie italienne, dont il dit vouloir s’en inspirer, pour la relance de notre propre économie. Si les italiens restent en effet des partenaires stratégiques pour le commerce, peu d’experts ont osé s’aventurer sur un parallèle entre les deux économies, à priori diamétralement opposées.

En effet, lors du point presse périodique avec des représentants de médias locaux, le chef de l’Etat a déclaré qu’il voulait se tourner vers l’Italie plutôt que la France, en matière de partenariat économique, au vu des « similitudes » et de la « compatibilité », qui existent entre les deux pays à ce niveau. Alors, réelle stratégie ou coup d’esbrouffe en direction de Paris ?

L’Italie, championne d’Europe de football…Mais surtout de PME !

L’Italie est un pays industriel à l’économie diversifiée avec un produit intérieur brut en parité nominale estimé à 2 069 milliards dollars en 2021, ce qui est tout le contraire de l’Algérie, qui puise dans ses gisement de pétrole et de gaz, l’écrasante majorité de ses richesses, pourtant insondables. L’économie italienne est caractérisée par des contrastes régionaux importants entre le nord très développé, industrialisé et dynamique, le centre, autour dominé par le secteur tertiaire et les fonctions politiques de la capitale, et le sud, plus rural et souffrant d’un taux de chômage élevé.

Mais avec ses 5,3 millions de PME, l’Italie est surtout connue par l’importance de son tissu d’entreprise dont elle la championne d’Europe, notamment dans le centre et le nord-est, et la prépondérance du capitalisme familial dans tous les secteurs d’activités qui contribuent fortement à la notoriété du savoir-faire italien dans le monde. Outre l’agriculture, l’industrie légère et lourde, l’industrie de luxe et la transformation agroalimentaire, la « botte de l’Europe » est aussi un pays touristique par excellence. Selon une étude publiée par la Banque d’Italie,  les voyageurs étrangers ont dépense 42 milliards d’euros en 2018, soit presque autant que le niveau actuel des réserves de change en Algérie.

Enfin, l’Italie s’appuie sur une entité politique et économique unie et homogène, avec à la clé des engagements en termes de libre échange et une monnaie commune résiliente et forte.

L’économie algérienne, faut-il le rappeler, est essentiellement basée sur les rentes de pétrole et de gaz et reste restreinte dans sa diversification, chose qui explique le recours à l’importation de tous les produits industriels et de consommation durant de longues années. Incapable de se réinventer autour d’un modèle plus efficient, elle n’arrivent plus à générer de l’emploi étant donné l’extrême faiblesse du secteur privé. En effet, l’essentiel des nouveaux postes créés est absorbé par la fonction publique, qui est au bord de l’explosion.

Nonobstant de nombreuses tentatives pour relever le défi « vital » de la diversification, l’Algérie ne parvient toujours pas à se départir de son carcan administratif hérité de ses longues années de socialisme d’Etat, et de son protectionnisme maquillé. La greffe du modèle de l’économie de marché tenté par le défunt président Bouteflika n’a pas pris. Pire, elle a mué en une espèce de « Frankenstein » économique, ayant consacré les pires fléaux qu’une économie moderne puisse connaître, à savoir le secteur parallèle, la bureaucratie et le clientélisme.

Par ailleurs, le soutien de l’Etat aux PME ne se fait qu’à travers des mécanismes de financement qui ont, à maintes reprises, prouvé leur inefficacité face aux réels enjeux du développement économique national et au détriment d’un accompagnement qui s’inscrive sur le long terme, par des mesures plus courageuses d’ouverture à l’économie mondiale et au libre échange.

Au vu des dernières joutes verbales entre Paris et Alger, ayant mené à une dégradation des relations politiques et économique bilatérales, tout porte à croire donc que les propos du président font davantage partie d’une stratégie visant (peut être à juste titre) à intimider la France que d’une réelle vision ou volonté de « calquer » le modèle de développement italien.

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