L’augmentation du droit de changement à 750 € pour les voyageurs algériens, en vigueur depuis le 20 juillet 2025, a relancé la demande vers la Tunisie, principale destination estivale des familles du pays. Entre enthousiasme économique tunisien et indignation sur les réseaux sociaux, la saison révèle une mécanique d’ajustement des prix qui redessine déjà les flux touristiques régionaux.
L’augmentation de l’allocation de 100 € à 750 € porte l’enveloppe théorique d’un adulte à environ 2,500 TND, soit le coût moyen d’une semaine « tout compris » en 4 étoiles, ce qui a démultiplié le pouvoir d’achat du touriste algérien. Toutefois, au cours de l’année, la hausse moyenne oscille entre 15% et 33%, une situation inédite depuis dix ans, confirmée par l’Organisation tunisienne de défense du consommateur qui parle d’« inflation touristique » proche de 30%.
Mécanisme économique
Les observateurs ont révélé un effet de revenu anticipé : les hôteliers ont intégré la manne de 750 € dès le premier trimestre 2025, captant une partie du supplément de pouvoir d’achat. Ce phénomène s’est combiné à une inflation nationale : en mai 2025, l’indice des prix à la consommation tunisien dépassait 9%, poussant les salaires et entrants à la hausse.
Les hôteliers ont d’abord relevé, de façon sélective, les tarifs des chambres familiales — segment préféré de la clientèle algérienne — en appliquant un yield management ciblé. Parallèlement, l’arrivée record de touristes européens au premier semestre 2025 (+11%) a réduit l’offre disponible et renforcé la pression à la hausse sur les prix.
Réaction des internautes : « On paie pour l’allocation ! »
TikTok et Facebook ont amplifié la polémique : vidéos virales et comparatifs chiffrés ont cristallisé la perception d’un « effet 750 € » déguisé en inflation opportuniste.
Sur TikTok (@rahim.assil.voyage), 420 000 vues, par un contenu viral, orienté émotion, la plateforme sert de caisse de résonance pour un ressentiment spontané : la polémique se diffuse d’abord par la vidéo courte à l’humour acerbe.
Sur facebook, « Rak Fi Annaba », c’est à travers un comparatif chiffré 2024/2025 (+23% sur Djerba) qui a été partagé par 10 000 internautes, que le réseau confirme la viralité en mode “preuve par le chiffre”. Le large nombre de partages indique une amplification horizontale dans des cercles familiaux et amicaux, gage d’une opinion publique déjà persuadée du “surcoût tunisien”.
Les professionnels se font plus menaçants, à l’image de Groupes « Voyages Algérie » (Facebook, 1 600 commentaires), pose une des listes de packages détournés vers Antalya (Turquie). Le débat se déplace sur le choix d’alternatives. L’interaction en commentaires montre une phase de recherche de solutions : on passe de la dénonciation à la comparaison.
Tendances clés qui se dégagent
Sur les réseaux sociaux, la polémique revêt un effet domino. Si TikTok amorce la contestation par un message simple et spectaculaire, Facebook prend le relais avec des posts plus “factuels” (comparaisons de prix) pour crédibiliser la critique, tandis que les groupes spécialisés convertissent l’indignation en comportement d’achat (réorientation des réservations).
L’ajout d’un pourcentage (+23%) et d’un nombre de vues/partages valide la perception que la flambée des tarifs est “objectivement” avérée, même si la méthodologie des calculs n’est pas détaillée. De la même manière, la recherche active d’alternatives découle du même ordre d’idée, le glissement vers Antalya illustre un arbitrage prix-perception : la clientèle algérienne n’hésite plus à substituer la Tunisie si elle juge l’écart tarif/montant de l’allocation excessif.
La temporalité courte des réactions : les trois pics datés du 22 au 25 juillet 2025 montrent une crise d’image condensée sur quatre jours, juste après l’entrée en vigueur officielle de l’allocation (20 juillet). Cette synchronicité suggère un ajustement marketing tunisien quasi-immédiat… et immédiatement détecté par les internautes.
La situation montre un risque certain de cristallisation. Si aucun signal d’apaisement n’est donné (explications des hôteliers, offres promotionnelles, transparence des prix), la perception d’abus peut durablement altérer l’attractivité de la destination tunisienne pour le segment familial algérien.