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En Libye, les enjeux pétroliers risquent de relancer la guerre entre l’Est et l’Ouest

Par Maghreb Émergent 3 October 2016
En Libye, le pétrole une question de guerre ou de paix

Fayez al-Sarraj, chef du gouvernement d’Union nationale (GNA) en Libye est à Alger.  Non reconnu par le parlement de Tobrouk, al-Sarraj est de facto, le représentant de l’Ouest. Sa réaction modérée au coup de force du général Khalifa Haftar sur les terminaux pétroliers risque de fissurer les soutiens des milices ralliées au GNA. La question du pétrole pourrait, une fois Syrte libérée de Daech, rallumer le conflit de plus en plus visible entre l’Est et l’Ouest.

 

 

Le chef du gouvernement d’union nationale (GNA), Fayez al-Sarraj, en visite à Alger pour deux jours où il abordera l'”évolution de la situation et les efforts en cours, entrepris dans le cadre du règlement politique de la crise en Libye” pour reprendre les termes de services du Premier ministre algérien.   

L’Algérie entend “réitérer la position constante de soutien de l’Algérie à la dynamique de paix initiée dans ce pays, fondée sur la solution politique, le dialogue inclusif et la réconciliation nationale dans le cadre du respect de sa souveraineté nationale”.

 Le Gouvernement d’union qui n’est pas reconnu par le parlement de Tobrouk a vu la portée de sa couteuse et sanglante reconquête de Syrte affaiblie par le coup de force du général Khalifa Haftar qui a mis la main sur les principaux terminaux pétroliers.

 Le pétrole est un enjeu de la crise interne qui se polarise de plus en plus entre l’est, la Cyrénaïque, sous l’emprise du général Khalifa Haftar et l’ouest, la Tripolitaine où les milices dont celles de Misrata ont rallié le gouvernement d’Union nationale.

 Il n’y a pas eu de réaction militaire de la part du gouvernement d’Union au coup de force sur les terminaux pétroliers mené par le général Haftar, les forces militaires de l’ouest restant très concentrées sur la bataille de Syrte où il faut gagner le terrain mètre par mètre face à des hommes de Daech décidé à mourir et à tuer le maximum.

  Une fois terminée cette entreprise de récupération de Syrte où Misrata a payé un lourd tribut, la bataille pour le pétrole pourrait prendre une tournure plus «chaude ». La  communauté internationale qui a condamné – sans excès pour ne pas dire mollement le coup de main de Haftar sur les terminaux pétroliers – pourrait relancer la guerre civile libyenne où l’enjeu pétrolier est omniprésent.

 Le contrôle direct du général Haftar, le chef « de l’Armée nationale libyenne (ANL) » sur le croissant pétrolier par où transite 60% du pétrolier constitue un atout majeur censé lui permettre d’imposer ses vues dans les négociations entre l’est et l’ouest.

 Mais ce déséquilibre pourrait pousser les milices de l’Ouest qui ont rallié le gouvernement – notamment celles de Misrata – à ne pas suivre Fayez al-Sarraj qui a déclaré après la prise du croissante fertile par Haftar qu’il ne pousserait pas à l’affrontement entre Libyens.

 La question pétrolière, plus que Daech qui a été mis en exergue par les médias, est centrale pour la paix (ou la guerre) en Libye dont les réserves hydrocarbures sont estimées à près de 50 milliards de barils et 1600 mètres cubes de gaz.

  

Un géant pétrolier à l’arrêt

 

 La Libye est riche de réserves de pétrole évaluées à 48 milliards de barils, ce qui la place au premier rang en Afrique (devant le Nigeria) et au neuvième rang mondial. Elle recèle également d’importants gisements de gaz naturel : avec 1 600 milliards de mètres cubes, elle se classe au cinquième rang africain.

La Libye est le géant pétrolier africain. Mais sa production aujourd’hui se situe dans une moyenne de 250.000 barils/jour, soit à peine 15% de ce qu’elle était en 2010. Dans la répartition des gisements, le bassin de Syrte (centre-est) compte pour  85 % des réserves de pétrole et 70 % de gaz. Cinq des six terminaux pétroliers libyens et 4 sur les cinq raffineries du pays se trouvent à l’est. Une  configuration qui alimente des poussées fédéralistes voire séparatistes en Cyrénaïque.

Le camp de Haftar a ainsi créé sa propre National Oil Company et sa propre Banque centrale. Tout comme les gouvernements, les institutions économiques et financières se dupliquent créant ainsi les conditions d’une quasi-séparation ou d’une nouvelle guerre.

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