En 2024, l’Algérie a “perdu” 4,6 millions de tep d’énergie, l’équivalent de 6,2 % de sa consommation. Un volume énorme, mais peu visible dans les discussions publiques.
Publié début décembre, le rapport du ministère des Hydrocarbures et des Mines fait état de pertes énergétiques estimées à 4,6 millions de tep en 2024. On parle de 6,2 % de la consommation nationale qui s’évapore quelque part entre la production et l’usage final. Pourtant, ce sujet n’occupe qu’une place marginale dans les discussions sur la politique énergétique du pays. On préfère parler de nouveaux gisements, de capacités de production, d’exportations. Les pertes, elles, restent un angle mort.
Pour fixer les idées : 4,6 millions de tep, c’est plus que ce que consomment certains secteurs industriels sur une année entière. C’est de l’énergie produite, transportée, transformée, mais jamais utilisée de manière productive. Elle disparaît dans les tuyaux, les câbles, les réseaux. Et ce phénomène, bien documenté dans le bilan officiel, n’alimente que très rarement les débats publics.
L’électricité concentre près de la moitié des pertes
Le rapport détaille la structure de ces pertes avec précision. L’électricité arrive en tête, avec 47 % du total. Ces pertes concernent principalement le transport et la distribution. Viennent ensuite les produits liquides, qui représentent 34 % des pertes, puis les produits gazeux avec 19 %.
Autrement dit, une unité d’énergie perdue sur deux concerne le système électrique. C’est un constat troublant dans un pays qui investit massivement dans de nouvelles centrales et où la demande d’électricité ne cesse de grimper. On construit, on produit, mais une part significative de cette énergie se perd avant d’arriver chez l’utilisateur final.
Le rapport précise que, dans le cas de l’électricité, les pertes de distribution pèsent plus lourd que celles liées au transport. Ces pertes incluent les déperditions techniques classiques, mais aussi les pertes non techniques, liées à des usages non déclarés du réseau. Un euphémisme pour dire que le système fuit de partout, techniquement et administrativement.
Des pertes stables, mais durablement élevées
En 2024, le niveau global des pertes reste quasi stable par rapport à l’année précédente. Cette stabilité peut donner l’impression que le phénomène est maîtrisé, mais non. Le niveau absolu demeure élevé et son poids dans la consommation nationale ne recule pas. Les pertes sont devenues une donnée structurelle, presque une fatalité acceptée.
Or, ces pertes ne sont pas qu’un problème technique. Elles représentent un coût économique direct. De l’énergie est produite, transformée, transportée, sans être facturée ni utilisée de manière productive. Ce coût invisible pèse sur l’équilibre du système et renforce la pression sur les infrastructures. Dans un contexte où la consommation nationale progresse plus vite que la production commerciale, chaque point de perte compte.





