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Algérie

Entre l’Algérie et l’Union Européenne, la machine de la coopération tarde à démarrer

Par Yazid Ferhat
18 novembre 2014
L’UE se propose de mettre en œuvre d’une ambitieuse feuille de route à compter de 2015 pour les cinq années à venir

Le rapport sur la coopération Union Européenne-Algérie, élaboré récemment  par la Délégation de l’UE en Algérie,  fait la part belle à ce qui reste à faire.

 

 Après avoir constaté  que cet accord – signé pour rappel en 2002-  a permis « d’établir et de communiquer aux populations des deux rives les principes de base de cette relation bilatérale », l’introduction du rapport dont nous avons obtenu une copie relève que  « parmi les priorités déjà identifiées par les deux parties pour notre coopération à venir figurent le renforcement de la gouvernance, le soutien au développement de la société civile, la diversification économique indispensable au développement  soutenu et équilibré de l’Algérie ».  L’UE se propose de mettre en œuvre cette ambitieuse feuille de route à compter de 2015 pour les cinq années à venir.

Eviter les  sujets qui fâchent

Rédigé dans le langage diplomatique qui sied à un tel document,  le rapport évite soigneusement les sujets et les formulations  qui pourraient heurter les autorités algériennes et propose une liste  de l’état des chantiers dans chaque domaine de coopération  comme la transition économique et le commerce,  les transports, l’eau et l’environnement, l’énergie, la bonne gouvernance ou encore la société civile.  Les questions de fond, quand elles sont abordées  ne sont soulevées qu’en filigrane. Sur les énergies renouvelables, il est précisé que « l’Algérie ne bénéficie pas de programmes d’appui bilatéraux mais qu’elle profite néanmoins, de programmes régionaux dans le domaine de l’efficacité énergétique dans le secteur de la construction  (MED ENEC II) et de la régulation de l’énergie (MED REG)… Pour un pays qui vit des énergies fossiles tout en  maintenant artificiellement des prix bas en interne et qui patine pour amorcer l’exploitation de son immense gisement solaire, l’engagement de l’union Européenne semble dérisoire eu égard au rapport. Par contre une place importante est consacrée à la culture expérimentale avec force détails de la Jatropha. L’huile de Jetropha est candidate à servir de biocarburant mais sa concurrence avec l’alimentaire et sa neutralité environnementale sont encore en débat.

Prudence sur la gouvernance politique

Sur la gouvernance le constat n’est pas très différent, le rapport rappelle que « suite aux événements qui ont secoué la région depuis 2011, le Gouvernement algérien a réagi afin de faciliter l’ouverture vers un processus politique plus participatif et inclusif » , en citant étrangement, dans ce domaine, le code de la presse et la loi sur les partis comme des avancées. On peut y  lire également  que « compte tenu du cas spécifique de l’Algérie, l’UE apportera appui à certaines institutions et organismes pour une grande transparence et participation dans la gestion publique du pays ». La crédibilité des processus des  choix des mandants  et les mécanismes de contrôle de l’action publique sont soigneusement éludés. Le texte faire référence à l’installation de la commission de la réforme de la justice de feu Issad (2000) sans signaler que ces travaux ne constituent pas , loin s’en faut, la substance des réformes partielles entreprise depuis cette date .

C’est à l’Algérie de faire les choix

On comprend aisément les domaines de blocage auxquels se heurtent  la concrétisation des objectifs  consignées dans  l’accord d’association.La plupart d’entre eux renvoient clairement à la lisibilité de l’action du gouvernement algérien  et à la visibilité à moyen et long terme de ses  choix économiques  stratégiques qui  demeurent ardus à identifier  du fait de la subsistance de contradictions importantes. La dernière conférence sur la relance industrielle et la loi des finances 2015 en ont apporté deux illustrations.

Sur l’accord d’association, il y a certes des avancées sectorielles certaines, particulièrement dans le renforcement des capacités ou  la mise à niveau de la législation comme dans le domaine de l’environnement, de l’eau et des transports mais le nœud gordien reste lié aux  contraintes à l’investissement à une gouvernance plus transparente et une gestion publique plus  démocratique. Dans ce domaine c’est à la partie algérienne  de faire les choix que dicte la mise sur rail de l’accord de 2002. Cela suppose un état des lieux, un cap et une voonté politique .

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