Entreprises : "Un mois d’arrêt équivaudrait à six mois de travail" (Sami Agli-président du CAPC)

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Entreprises : « Un mois d’arrêt équivaudrait à six mois de travail » (Sami Agli-président du CAPC)

Par Maghreb Émergent
27 juillet 2020

Le président de la confédération algérienne du patronat citoyen (CAPC) -ex-FCE- Mohamed Samy Agli, a appelé lundi a une exécution rapide des directives du Gouvernement au niveau des banques et les administrations publiques en faveur des opérateurs économiques, notamment, en cette période de crise sanitaire où des entreprises risquent de disparaître.

« La volonté politique pour accompagner les opérateurs économiques et les entreprises existe en haut niveau, mais le temps perdu par l’administration pour appliquer les décisions peut coûter cher aux entreprises et par ricochet à l’économie nationale et la trésorerie publique », a indiqué M.Agli sur les ondes de la Radio nationale.

Le président de la CAPC (ex Forum des chefs d’entreprises-FCE) a, par conséquent, appelé les banques et les administrations publiques à « une exécution rapide » des directives du Gouvernement à leur niveau, estimant que « la bureaucratie entrave l’application des directives en faveur des entreprises au moment où certaines risquent même de disparaitre en raison de la crise sanitaire ».

Il a cité, dans ce sens, l’exemple du report du paiement des charges et impôt, sans pénalités de retard, décidé en faveur des entreprises pour une période de trois mois depuis avril, « alors que l’administration fiscale appelle déjà au paiement des différés du mois d’avril », appelant ainsi à une « extension de cette dérogation, car la trésorerie des entreprises, notamment les PME/TPE ne peut encore supporter ces charges ».

M.Agli a également appelé les banques à accompagner naturellement les operateurs économiques avec « des différés et des taux bonifiés » sans attendre « l’intervention des pouvoir publics », car « la situation sanitaire et ses incidences économiques nécessite la mobilisation de tout le monde et la prise de décisions exceptionnelles dans la conjoncture actuelle ».

A une question sur les instructions du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, liées à l’établissement d’une évaluation « juste et réelle » des incidences de la pandémie du Covid-19 sur l’économie nationale, engagée par le Gouvernement, en coordination avec les partenaires sociaux et économiques, M. Agli, a expliqué qu’une prise de conscience collective s’impose sur cette réalité « amère » et la situation économique « compliquée » en conséquence de la pandémie.

Il a, ainsi, salué les actions engagées par le président de la République et le Gouvernement, car, estime-t-il, « l’intérêt aujourd’hui est économique et aucun pays ne se développe sans une économie forte, donc, nous saluons cette volonté réelle des pouvoirs publics de porter secours à l’économie et prendre des décisions courageuses et urgentes qui s’adaptent avec la situation sanitaire ».

S’agissant de l’évaluation des incidences, le responsable estime que c’est « un préalable » qui doit être établit d’une manière « fiable », ajoutant qu’il est « très difficile » de se prononcer en terme de chiffres d’où la nécessité « du travail de concertation engagé par le Gouvernement avec les partenaires sociaux et économiques » afin de dresser un bilan de la situation.

Il a, dans ce sens, rappelé que la situation économique algérienne est similaire à celle du monde entier, à cause de la pandémie du Covid-19, mais particulière, car « nous enchainons une seconde année difficile, après celle de 2019, quasi-blanche en terme de croissance avec le maintien d’un minimum de l’activité économique, en raison de la situation politique du pays à l’époque ».

A cet effet, il a tiré la sonnette d’alarme sur certains secteurs, comme le tourisme et le BTPH, affirmant qu’ils ont perdu jusqu’à 80% de leur chiffres d’affaires, une situation due à l’arrêt des projets pour le premier et la fermeture des frontières suite à la crise sanitaire pour le second.

Dans ce sillage, il a insisté sur l’accompagnement de ces secteurs et d’autres pour « le maintien de l’activité économique pour un minimum de trésorerie et la préservation des postes d’emplois afin de maintenir le pouvoir d’achat qui est la locomotive de la croissance de l’économie nationale ».

La reprise économique dépend de l’espoir de trouver un vaccin au Covid-19

S’agissant des perspectives, M. Agli a estimé « qu’il faudra dès maintenant penser à l’après crise, car, d’après les experts, un mois d’arrêt équivaut à six mois de travail après la reprise économique », ajoutant que celle-ci « dépend aussi de l’espoir de trouver un vaccin au Covid-19 ».

A propos de la capacité des entreprises algériennes à supporter les conséquences de la crise sanitaire, il a rappelé que « les entreprises tiennent déjà quatre (04) mois avec leur trésorerie, mais cette situation est insoutenable notamment par les PME/TPE ».

Evoquant le fond de compensation, annoncé par le ministre des Finances en faveur des PME/TPE, M. Agli a salué cette initiative, précisant que ce fonds concerne une catégorie d’entreprises, tandis que « la situation nécessite un combat collectif où tout le monde doit y contribuer, Gouvernement, partenaires sociaux et acteurs économiques », car les grands employeurs ont besoin d’une reprise économique.

En outre, M. Agli a appelé a profiter de la conjoncture actuelle et l’introduction de reformes économiques pour « sortir d’un modèle économique basé sur la rente pétrolière et les autorisations d’investissements qui génère des monopoles sur certains secteurs et aller vers un modèle économique fondé sur la cooccurrence loyale ».

Ces reformes doivent porter, selon lui, sur le rétablissement de la confiance entre l’administration et les opérateurs, la reforme du système bancaire et fiscal, la digitalisation, la pénalisation de la bureaucratie qui nuit à l’économie nationale, l’amélioration du climat des affaires pour attirer les IDE et le drainage de l’argent de l’informel vers les circuits bancaires .

Cela, pour permettre au pays « d’être un acteur économique important » qui devient « une obligation » dans le sillage de la concurrence économique entre les pays, souligne M. Agli qui affirme que les opérateurs économiques sont alignés sur « beaucoup » de propositions qu’ils comptent remettre dans un seul document au Gouvernement lors de la prochaine tripartite.

Avec APS

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