Le 21 octobre 2025, lors d’une rencontre au palais de Carthage avec le ministre de l’Agriculture, Ezzeddine Ben Cheikh, le président de la République Kaïs Saïed a salué les récoltes exceptionnelles de dattes, de céréales et d’huile d’olive enregistrées cette année. Mais il a aussi dénoncé un « communiqué irresponsable » annonçant, selon lui, l’exclusion du marché marocain des exportations de dattes tunisiennes, y voyant une atteinte aux liens fraternels entre les deux peuples.
Les faits ne confirment pourtant pas cette version. Le 13 octobre, le Groupement interprofessionnel des dattes (GID) avait publié un communiqué annonçant le lancement de la campagne d’exportation 2025-2026 « vers tous les marchés, sauf le marché marocain ». Cette mention, isolée de son contexte, a immédiatement provoqué une vague de réactions sur les réseaux sociaux, certains y voyant une sanction politique ou une rupture commerciale.

Le lendemain, le GID a rectifié l’information dans un second communiqué, précisant qu’il ne s’agissait ni d’un boycott ni d’une exclusion, mais d’un simple report technique. Comme chaque année, les exportations vers le Maroc font l’objet d’une réunion bilatérale afin d’en définir les modalités. Celle-ci s’est tenue le 20 octobre, confirmant le démarrage effectif des exportations à partir du 21 octobre.
Malgré ces clarifications officielles, déjà relayées dans les médias, le président a ravivé la polémique en reprenant cette rumeur dans son discours. En déclarant qu’il ne comprenait pas comment « un frère peut exclure un autre frère », Kaïs Saïed a donné une dimension politique à un malentendu purement logistique.
Cet épisode illustre les failles de coordination entre institutions et la facilité avec laquelle une rumeur économique peut se transformer en sujet diplomatique. Une meilleure gestion de la communication publique aurait suffi à éviter une controverse inutile entre deux pays liés par des intérêts économiques et des relations historiques profondes.





