Les autorités américaines ont officiellement lancé le 4 juin dernier une enquête antidumping et antisubventions contre les importations de barres d’armature en acier algériennes. Cette procédure, déclenchée par une pétition de l’industrie sidérurgique américaine, vise à déterminer si Alger pratique des prix déloyaux et bénéficie d’aides gouvernementales illégales selon la législation américaine.
L’enquête porte sur deux accusations distinctes. D’une part, les autorités américaines soupçonnent l’Algérie de vendre ses barres d’armature à des prix inférieurs à leur valeur normale sur le marché intérieur, une pratique qualifiée de dumping. D’autre part, elles examinent si les exportateurs algériens reçoivent des subventions étatiques considérées comme déloyales par Washington.
Les enjeux économiques sont considérables pour l’Algérie. Si l’enquête conclut que ces importations causent un préjudice matériel à l’industrie sidérurgique américaine, des droits antidumping et compensateurs pourraient être imposés. Ces taxes supplémentaires rendraient les produits algériens moins compétitifs sur le marché américain et pourraient réduire drastiquement les exportations du pays vers les États-Unis.
Un calendrier serré pour une décision aux lourdes conséquences
La procédure suit un calendrier strict établi par la Commission du commerce international américaine (USITC). Une décision préliminaire est attendue au plus tard le 21 juillet prochain, soit moins de deux mois après l’ouverture de l’enquête. L’USITC transmettra ensuite ses conclusions au Département du Commerce dans les cinq jours ouvrables suivants, fixant l’échéance finale au 28 juillet.
Pour l’Algérie, cette enquête survient à un moment où le pays cherche à diversifier ses exportations au-delà des hydrocarbures. Le secteur sidérurgique fait partie des industries que Alger souhaite développer pour réduire sa dépendance au pétrole et au gaz. Une restriction d’accès au marché américain pourrait contrarier ces ambitions de diversification économique.
L’enquête n’épargne pas trois autres pays également mis en cause par la même pétition. L’Égypte, le Vietnam et la Bulgarie font face aux mêmes accusations de dumping et de subventions illégales. Cette approche multilatérale suggère une stratégie coordonnée de l’industrie américaine pour protéger sa production domestique face à la concurrence internationale.
Les quatre pays concernés disposent désormais de plusieurs options. Ils peuvent contester les accusations devant les instances américaines ou engager des négociations bilatérales avec Washington. Certains d’entre eux pourraient également porter l’affaire devant l’Organisation mondiale du commerce. Cette dernière option pourrait s’avérer longue et coûteuse, mais elle offrirait un cadre multilatéral pour résoudre les différends entre les pays membres, ce qui n’est pas le cas de l’Algérie.