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« Face à la chute du prix du pétrole, le gaz de schiste serait une fuite en avant »-S. Rahimi sur RadioM (audio-vidéo)

Par Yazid Ferhat
4 juillet 2015
Sabrina Rahimi, Porte-parole du collectif national pour un moratoire sur les gaz de schiste (CNMGS)/ Ph: Y.Bouktache

Radio M recevait, jeudi 2 juillet, Sabrina Rahimi, Porte-parole du collectif national pour un moratoire sur les gaz de schiste (CNMGS). La position du collectif, qui ne manque pas d’arguments, sur le gaz de schiste est sans appel : opportunité trompeuse, manque à gagner, fuite en avant. Le CNMGS milite pour la suspension de la loi qui permet l’exploitation du gaz de schiste.

 

Quel état des lieux depuis l’arrivée au gouvernement de Salah Khebri, ancien PDG de l’Institut algérien du pétrole (IAP) et ancien de la Sonatrach, à la tête du ministère de l’Energie ?  Ce dernier récupérait, il y a cinquante jours, le portefeuille de Youcef Yousfi, surnommé « l’homme du schiste ». L’heure semble au statut quo : « Nous n’avons pas la prétention de penser que ce changement a un effet direct ou indirect ; pour preuve, aucune déclaration a été faite pour clarifier la situation par rapport au gaz de schiste », déclare Sabrina Rahimi.

Dès l’installation du nouveau ministre, le Collectif national pour un moratoire sur les gaz de schiste a sollicité une rencontre avec le nouveau ministre. Le Collectif  rassemble plusieurs experts et de nombreux groupes de militants anti-gaz de schiste. « Le 16 juin, la demande d’audience a été envoyée », indique la porte-parole du CNMGS. Cette demande d’audience n’a pas abouti pour le moment.

Le Collectif exige un moratoire pour que l’Algérie prenne le temps de la réflexion. « Il faut ouvrir un débat national sur la question énergétique », précise Sabrina Rahimi. Mais l’avis des membres du CNMGS est plus tranché : « Pour notre part, nous pensons que ça serait une erreur monumental d’aller dans la gaz de schiste », affirme-t-elle. Au Etats-Unis, le moratoire a déjà débouché sur le renoncement à l’exploitation des puits, dans des Etats emblématiques comme celui de New York en décembre dernier.

Gaz de schiste : une « fuite en avant »

Contre le gaz de schiste, les arguments d’ordre économique sont ceux qui tonnent le plus à l’oreille de l’opinion publique, ce que regrette un peu la porte-parole du CNMGS. Elle cite un rapport du Congrès américain, en date de 2010, qui bat en brèche le mythe du boum économique que susciterait l’exploitation du gaz de schiste. Tout d’abord, les externalités négatives sont importantes. Le rapport pointe des retombées environnementales et sanitaires néfastes. Sabrina Rahimi indique qu’il faut 15 à 20 million de mètre cube d’eau par puits.

Ensuite, la rentabilité n’est pas assurée. Des spécialistes de l’énergie américains ont démontré l’existence « d’une bulle spéculative », explique Sabrina Rahimi. De plus, le Patron d’ExxonMobile a déclaré, devant les actionnaires en 2012, qu’en raison de l’investissement dans le gaz de schiste, ils étaient en train de « perdre leurs chemises », alarme-t-elle.  Même Chesapeake, le numéro 2 du gaz américain, a cédé 6,9 milliards d’actifs aux Etats-Unis pour palier le manque à gagner. Face à la chute du prix du baril du pétrole,  le gaz de schiste serait une fuite en avant, résume-t-elle. « La chute des prix du pétrole a été un allier » pour le CNMGS, indique-t-elle.

La poursuite silencieuse de l’exploration

« Sur le terrain, In Salah, n’a pas faibli » malgré le thermomètre qui grimpe. Même durant le ramadhan, les habitants sont mobilisés tous les soirs sur la place Soumoud. La jeunesse d’In Salah a publié dernièrement sur les réseaux sociaux un communiqué « qui demande à la population de se mobiliser autour d’un projet de société de développement ». Ne tarissant pas d’éloges sur la vitalité de la mobilisation des habitants d’In Salah, elle a souligné le rôle important joué par les femmes. Les revendications portant sur le droit à la ressource hydrique sont des messages « dont on n’a pas l’habitude », poursuit-elle. Elle déplore qu’au terme de plus de six mois de mobilisation pacifique ce mouvement n’ait pas rencontré plus d’écho.

Non loin, du côté des gisements, « l’exploration se poursuit » pour trois puits mais on ne sait si on va « aller vers l’exploitation ». Elle précise que « personne ne peut approcher les gisements ». L’indétermination persiste, on ne sait si les autres puits seront explorés. En Algérie, l’exploration de 17 puits est prévue pour l’instant. « Total a fait une estimation sur l’exploration en Pologne ». La multinationale a estimé les besoins à 300 puits. Les puits visent à déterminer la faisabilité technique et à estimer le potentiel pour l’exploitation. « C’est trop cher », indique l’invitée de RadioM, qui souligne que Total a abandonné le projet en Pologne. En sachant que le potentiel de la Pologne en matière de gaz de schiste est quatre fois inférieur à celui de l’Algérie, cela signifie qu’il faut quatre fois plus de puits en Algérie.

Energies renouvelables

Au sein du collectif, la revendication d’un moratoire sur l’exploitation du gaz de schiste se double d’une volonté de développer les énergies durables : « plutôt que d’aller vers le gaz de schiste, il faut aller plutôt vers les économies d’énergie, les énergies renouvelables. » La porte-parole concédait toutefois que les prix bas de l’énergie carbonée n’étaient pas incitatifs. « Je ne sais pas si des prix pareils pourront être maintenus très longtemps », confie-t-elle.

Extraits vidéo :  https://algeriefocus.com/bit.ly/1KDzUdP

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