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Face à l’hyper-interventionnisme présidentiel, Benabderrahmane vers un Djerad bis (Analyse)

Par Ihsane El Kadi
23 janvier 2022

Par El Kadi Ihsane

Ligoté, peu inspiré et sans impact le gouvernement de Aimen benabderramane est-il déjà mort politiquement un peu plus de six mois après son investiture ? 

Il était présenté le 1er juillet dernier comme « le doué de la classe », outillé pour donner une impulsion à l’action économique du gouvernement, engluée durant 18 mois. Aimen benabderrahmane ancien gouverneur furtif de la banque d’Algérie puis ministre des finances n’en finit pas de traverser la séquence politique du pays en mode,  Abdelaziz Djerad, son prédécesseur. C’est-à-dire effacé devant l’interventionnisme présidentiel dans toutes les actions du gouvernement.

L’actuel Premier ministre n’a même pas pu bénéficier de cette période exceptionnelle de prés de trois mois, fin 2020 début 2021, ou Abdelmadjid Tebboune malade et absent avait du concéder de fait une plus grande présence de son premier ministre Abdelaziz Djerad sur le devant de la scène. Pour une empreinte de gouvernance fantomatique. Pire, Aimen Benabderrahmane, pensant pouvoir prendre sa mission au pied de la lettre, a dû subir une série de désaveux présidentiels durant les derniers mois qui ont stoppé net ses velléités d’actions « réformatrices ».

Trois séquences au moins illustrent l’isolement grandissant du Premier ministre. L’introduction dans la loi de finances pour 2022 d’une disposition qui ouvre la voie à une réforme du système de subvention en Algérie a suscité des réactions hostiles qui ont rapidement conduit le président à désavouer son Premier ministre sur le calendrier et la portée de cette réforme.

Ensuite il y’a eu deux péripéties qui ont piétiné les règles constitutionnelles au sujet du suivi des décisions prises dans le conseil des ministres, confié par Tebboune à un de ses collaborateurs, d’une part et la création, d’autre part, de l’inspection générale des services de l’Etat des collectivités locales, placé sous l’autorité présidentielle.

Enfin l’épisode du rapport de la banque mondiale, validé officieusement par le Premier ministre, et frontalement attaqué par l’APS, l’agence qui obéit directement à la cellule de communication du palais d’El Mouradia. Le Premier ministre a été la également désavoué en filigrane par la présidence de la république, sur un contenu portant sur l’Etat de l’économie et de sa vulnérabilité. Il ne lui reste, en fait, plus de parole propre pour commenter la conjoncture, en dehors des éléments de langage décidés et validés par la présidence.   

Tous les arbitrages à la présidence

Les rabrouements consécutifs ont fini de mettre sous l’éteignoir une volonté réformatrice déjà bien chétive au début chez un Premier ministre énigmatique, sans passé politique. Le palais du gouvernement tourne au ralenti sur le front de l’action économique. L’explication qui bruisse était pressentie. « Les arbitrages petits et grands remontent tous à la présidence de la république, souvent les ministres pour gagner du temps sautent la voie hiérarchique.

Cela donne un sentiment de chaos » explique le directeur d’un office public important. Scénario connu du temps de Bouteflika mais poussé à la caricature sous l’ère Tebboune revenu aux affaires. « L’opinion voit le président intervenir publiquement pour débloquer des dossiers pendants, comme par exemple le cahier des charges de l’automobile ou l’appel d’offres de l’électricité solaire, mais dans la réalité ni de tels dossiers, ni d’autres beaucoup moins importants ne peuvent connaître d’avancée sans la validation présidentielle »  explique la même source.

Le résultat est que les injonctions venant du palais présidentiel ajoutent à la régulation et au pouvoir de l’administration, lorsqu’en public le discours présidentiel est censé libérer les initiatives sur le terrain. La décision d’élargir la liste des produits à marge plafonnée, pour lutter contre la hausse des prix, est l’exemple même d’une gouvernance économique par coup de menton, sans cohérence et sans stratégie.

Autre illustration de l’interventionnisme présidentiel, aux relents de gestion par arrêté préfectoral, la production en une semaine d’une loi qui condamne à 30 ans de prison les spéculateurs. Elle a, parmi d’autres aberrations bureaucratiques, conduit à la paralysie des circuits de distribution, notamment de l’huile. Aimen Benabderrahmane, paraissant se tenir à la marge d’un tel chaos ne cherche même à venir au secours de « son » ministre du commerce, Kamel Rezig, en perdition.

En souvenir de Ahmed Benbitour

Supposé détenir plus de leviers de décision que son prédécesseur, en conservant le portefeuille des finances, le Premier ministre voit son autorité « formelle » fléchir à grande allure sur son supposé terrain de compétence.

L’action du gouvernement était censée redonner confiance aux investisseurs. Elle s’efface et devient illisible devant les gesticulations « souverainistes » venant de la présidence et trouvant une caisse de résonnance chez certains ministres redoublant de zèle autoritaire. L’économie algérienne n’a pas de pilote. Le Premier ministre et ministre des Finances ne peut pas en être un. Personne n’attend bien sur de Aimen Benabderrahmane qu’il démissionne de son poste en défense de ses prérogatives constitutionnelles, comme l’a fait Ahmed Benbitour en aout 2000, devant les empiétements du président Abdelaziz Bouteflika.  Il lui reste à entretenir l’illusion du mouvement par hiver social de plus en plus chaud.

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