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Faut-il passer par un putsch pour pousser au changement en Algérie ? Le CPP évoque la question

Par Maghreb Émergent
21 novembre 2014


Tout le monde est d’accord pour dire que l’article 88 est inapplicable pour déclarer l’incapacité de Bouteflika à exercer le pouvoir. Alors un coup d’Etat de l’armée ? Le Café Presse Politique (CPP) de Radio M évoque la question. Avec un « oui, mais… ».

Il y a comme un air de « grande h’chouma » (honte) dans la cuisine du CPP de Radio M, la web radio libre de Maghreb Emergent. Une honte mêlée à de la colère, suscitée par la gestion piteuse de l’énième évacuation du président Abdelaziz Bouteflika en France, dans un hôpital de province, pour se faire requinquer à la veille de la visite du chef de l’Etat turc à Alger. L’information a été donnée par un journal local de Grenoble, au moment où Alger imposait un black out total autour de cette évacuation. « Il y a comme un mélange de mépris, d’amateurisme et d’irresponsabilité dans la gestion de cette affaire (…) ces gens ne savent même pas comment exercer le pouvoir dans un pays de la dimension de l’Algérie, » s’est offusqué le chroniqueur politique Abed Charef.

Et le reproche est bien sûr dirigé aux tenants du pouvoir, civils et militaires, et particulièrement à Said Bouteflika, le frère du Président. « Cette affaire montre le grand ratage du pouvoir et des institutions (…) la santé de Bouteflika est gérée par un pouvoir informel, à la lisière entre le privé et l’institutionnel, » poursuit-il.
A l’ère de l’internet et des réseaux sociaux, la Présidence a tu une information quasiment impossible à cacher, ne jugeant pas utile d’informer les citoyens de cette évacuation, ni sur l’évolution de l’Etat de santé de Bouteflika. « C’est la privatisation des institutions poussée à la caricature, il y a comme une gestion familiale du Président alors que la santé de Bouteflika est l’affaire de tous les algériens, » abonde Said Djaffer, responsable de l’édition algérienne du Huffington Post Maghreb.
A quoi bon cacher l’état de santé de Bouteflika aux algériens, alors que les services spéciaux français, américains ou même israéliens en sont informés avec précision ? « C’est le 4e mandat et cela va continuer comme ça ! ».
Un coup d’Etat militaire pour pallier à l’article 88 ?
Autour de la table du CPP, l’idée d’un coup d’Etat militaire, via une application de force de l’article 88 de la constitution qui consacre l’empêchement du Chef de l’Etat à exercer ses fonctions pour raisons de santé, est abordée avec un peu de gêne. Sauf pour le journaliste Abdelkrim Ghezali : « l’absence d’indépendance de la justice et de séparation des pouvoirs fait que la seule institution à pouvoir appliquer l’article 88 est l’armée. » Selon lui, la constitution et les institutions sont faites de telle sorte à pousser l’armée à opérer un coup d’Etat.
« Ce qui est gênant dans cette appel à des élections présidentielles anticipées par l’opposition au sein de la CNLTD, c’est que cette démarche s’inscrit dans une logique de prise de pouvoir et non dans une logique de solution politique, » tempère Abed Charef. « A quoi bon dégager Bouteflika pour ramener un autre qui s’accrochera au pouvoir pour 20 ans encore ? ».

Pour Said Djaffer, si l’armée devait intervenir pour dire à Bouteflika que la situation est bloquée et qu’il doit partir, elle devrait le faire comme « garante d’une transition pacifique et non pour désigner un président. » Une « intrusion » de l’armée, estime Abed Charef, à laquelle il faudrait donner du « contenu pour débloquer une situation et pousser le pays à aller dans le sens de l’histoire et ensuite essayer de réaliser un consensus qui tiendra 20 ou 30 ans. » Il y avait aussi comme une odeur de putsh dans la cuisine du CPP, cette semaine !

Extraits vidéo : https://algeriefocus.com/bit.ly/1x8CbmY

 

Pour écouter l’intégralité du talk show sur Radio M, cliquez sur la play-list :

 

 

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