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Fermeture de la capitale aux manifestants, « un état de siège »

Par Maghreb Émergent
19 septembre 2019
Fermeture de la capitale aux manifestants, « un état de siège »

Alors que l’on s’attendait à des mesures d’apaisement comme réclamé par le panel et autres acteurs politiques, le chef de l’Etat-major de l’armée nationale populaire, Ahmed Gaïd Salah a plutôt opté pour le durcissement en instruisant la gendarmerie nationale d’empêcher l’accès à la capitale aux transporteurs de manifestants venant des autres régions du pays les qualifiant de « relais de la bande ». « J’appelle à l’application rigoureuse des réglementations en vigueur, y compris, l’interpellation et la saisie des véhicules et des autocars utilisés ainsi que la délivrance d’amendes à leurs propriétaires », a-t-il averti.

Non seulement cette instruction est en porte à faux avec la Constitution qui stipule dans son article 55 que « tout citoyen jouissant de ses droits civils et politiques a le droit de choisir librement le lieu de sa résidence et de circuler sur le territoire national. Le droit d’entrée et de sortie du territoire national lui est garanti. Toute restriction à ces droits ne peut être ordonnée que pour une durée déterminée, par une décision motivée de l’autorité judiciaire », mais cette décision cache mal une volonté d’étouffer le mouvement et de réduire la mobilisation dans l’espoir de tenir dans les délais l’élection.

Le vice-président de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH), Said Salhi a souligné à Maghreb Emergent que cette mesure cache une logique d’intimidation, une volonté de division et d’étouffement du mouvement populaire que connait l’Algérie depuis le 22 février 2019. Pire encore, Said Salhi pense que le blocage de l’accès à la capitale aux transporteurs de manifestants est un acte discriminatoire qui peut ouvrir la voie à d’autres dérives. « En tout cas, ça fait longtemps que l’accès à Alger est interdit, mais ce n’est que maintenant que le pouvoir a assumé cette mesure qu’on dénonce fort », signale Salhi.

« C’est un état de siège qui ne dit pas son nom et c’est un dérapage grave », ajoute-t-il. Un avis que partage l’avocat et militant des droits de l’homme, Abdelghani Badi, qui souligne que les arrestations massives et la fermeture de la capitale consacrent « un état de siège non déclaré, un état de siège déguisé ».

« Nous avons dépassé l’interférence entre les pouvoirs, ce sont des dépassements graves. La seule situation qui permet de telles mesures est la catastrophe naturelle ou tout autre cas d’exception qui exige la prévention de catastrophes. Or, dans ce cas, il ne revient pas au chef de l’Etat-major de décréter les mesures à prendre mais au ministre de l’Intérieur », déclare l’avocat.

Pour lui, « Le chef de l’Etat-major de l’armée vient à travers ces instructions légiférer en dehors du cadre institutionnel, ce qu’il n’a aucunement le droit de faire, il s’érige par la même en pouvoir législatif et exécutif en même temps, ceci est une hécatombe réelle ».

Il ajoute que l’instruction ne s’inscrit pas dans le cadre des libertés, et si elle porte atteinte à ces dernières, elle devient une loi et qui doit donc passer par les mécanismes législatifs, à savoir le parlement.

« Une amende, soit-elle de dix dinars, doit être arrêtée sur la base d’un texte de loi approuvé par le parlement », conclut-il.

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