La finance islamique poursuit sa montée en puissance. Selon le Islamic Finance Development Report 2025, publié conjointement par l’ICD (Société islamique pour le développement du secteur privé, filiale du groupe de la Banque islamique de développement) et le LSEG (London Stock Exchange Group), les actifs mondiaux du secteur ont atteint 6 000 milliards de dollars en 2024, soit une croissance annuelle de 21 %.
Le rapport, référence mondiale en la matière, projette un volume total de 10 000 milliards de dollars d’ici 2029, confirmant l’ancrage durable de la finance islamique dans l’économie mondiale. Les banques islamiques concentrent à elles seules 72 % des actifs, tandis que le marché des sukuk, obligations conformes à la charia, a dépassé le seuil symbolique de 1 000 milliards de dollars, dopé par les émissions souveraines dans le Golfe.
Les trois leaders mondiaux demeurent la Malaisie, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, qui dominent les classements de performance et d’innovation financière. L’édition 2025 souligne également la progression de pays émergents comme le Pakistan, le Kenya, le Sri Lanka et surtout l’Algérie, citée pour ses avancées réglementaires et institutionnelles.
L’Algérie entre dans le radar mondial
Dans le cas algérien, le rapport salue la généralisation des guichets islamiques au sein des banques publiques, la mise en place d’un cadre comptable et prudentiel spécifique et la création d’un Comité national charaïque chargé d’assurer la conformité des produits financiers. Ces mesures, inscrites dans une stratégie plus large d’inclusion financière, visent à capter une épargne encore largement détenue hors du circuit bancaire formel.
L’étude note par ailleurs la montée des instruments de finance durable, en particulier les green sukuk, dont la croissance mondiale a atteint +15 % en 2024. Ce segment, selon les auteurs, pourrait devenir un levier clé pour les économies en transition, notamment en Afrique du Nord.
Pour l’Algérie, où la loi de finances 2026 introduit la possibilité de garantir les sukuk d’État par des actifs du domaine privé, la perspective d’un financement alternatif au budget prend forme. Dans un contexte de diversification économique et de rationalisation budgétaire, la finance islamique apparaît désormais comme un outil stratégique de politique publique plutôt qu’un simple produit de niche.