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Finance islamique : les banquiers ne veulent pas supporter les risques à la place du client

Par Salim Benalia 1 octobre 2020

Experts, banquiers et hommes de religion algériens s’échinent à mettre en adéquation les deux systèmes bancaires islamique et classique.

C’est ce qui ressort de la conférence nationale sur la finance islamique, organisée mercredi dernier par le Haut conseil islamique (HCI), une conférence qui a statué sur l’impératif d’accompagner les banques offrant des crédits halal à travers la promulgation de textes de loi adéquats.

L’Algérie qui a officiellement lancé, via la Banque Nationale d’Algérie (BNA), l’activité de «Finance Islamique», pour la commercialisation de produits conformes aux préceptes de la Charia islamique, fait néanmoins face à la frilosité des banquiers qui ne veulent pas endosser les risques liés à cette forme de crédit.

Ainsi et à la faveur de la dite conférence, le Pdg du Crédit populaire d’Algérie (CPA), Mohamed Dahmani, a indiqué que la banque compte mettre en place près de 30 agences bancaires spécialisées en la finance islamique et des guichets mixtes au service des clients désirant bénéficier à l’avenir de ces prestations. Il a toutefois souligné que la banque doit avoir accès à des informations réelles sur le client pour ne pas supporter les risques à sa place, le même responsable a appelé à davantage de recherches scientifiques en vue d’atteindre une véritable complémentarité entre les deux systèmes bancaires islamique et classique.

Le facteur risque a également été abordé par le président du Conseil national économique et social (CNES), Réda Tir, qui a estimé de son coté que le Règlement 20-02 de la BA sur la finance islamique en Algérie « n’était pas suffisant pour réunir les conditions de réussite connues dans la littérature économique et financière », citant à ce propos la considération de la banque en tant que partenaire dans les projets ainsi que le développement de nouvelles compétences formées en finance approfondie et Big-data (méga données) pour pouvoir analyser et maîtriser les risques, notamment commerciaux. Il a souligné, en outre, l’impératif traitement de la problématique de commercialisation des produits et le rapprochement des clients en ciblant des catégories bien précises, particulièrement les ménages et les marchés. Le CNES, a précisé Tir, œuvrera à l’évaluation de cette politique financière, lancée mars dernier, après au moins une année de sa mise en œuvre.

Pour leur part, les directeurs des banques ont plaidé pour l’accompagnement et le soutien des opérateurs dans le domaine de la finance islamique. Le président de l’Union algérienne des sociétés d’assurance et de réassurance (UAR), Youcef Benmicia, a évoqué, quant à lui, l’assurance tontine, une formule d’épargne ou placement à long terme, compatible avec les préceptes de l’Islam, qui sera proposé prochainement comme produit aux clients après la promulgation d’un article de loi dans le cadre de la loi de finances 2020 qui introduit ce type d’assurance parmi les produits autorisés. Un texte de loi, qui précise les détails de l’assurance tontine et la formation des cadres.

Intervenant lors de cette rencontre, le représentant du ministère du Commerce, Sami Gueli, a souligné l’importance d’adopter le système financier islamique dans la mise en oeuvre des résultats des ateliers organisés par le secteur sur la moralisation des activités commerciales, à travers l’encouragement des commerçants et des opérateurs économiques à intégrer le marché officiel à travers des banques adoptant la finance islamique en leur facilitant les transactions financières.
Cette démarche, a-t-il estimé, permettra de drainer les liquidités en circulation dans le marché parallèle, qui demeurent intraçables. L’enseignant universitaire spécialiste en finance islamique Abdellaoui Moussa a, de son côté, mis l’accent sur l’impératif de réviser les lois de la BA et la loi sur la monnaie et le crédit « pour être en phase avec la finance islamique », ajoutant que la banque traditionnelle, à l’inverse de la banque islamique, bénéficie d’une contribution de l’Etat à hauteur de 3% dans la couverture de la marge bénéficiaire.

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