Le marché automobile algérien vit une nouvelle poussée inflationniste. Après plusieurs semaines de tensions, les prix des voitures neuves comme d’occasion affichent des hausses qui compliquent encore davantage l’accès à un véhicule pour les petites et moyennes bourses. Dans un contexte déjà fragilisé par une offre réduite et une forte dépendance aux importations, ces augmentations viennent confirmer le retour d’une pression structurelle sur les prix.
Sur les réseaux sociaux, les pages spécialisées et les chaînes consacrées au suivi du marché automobile local tirent la sonnette d’alarme depuis quelques jours. Elles multiplient les annonces d’ajustements tarifaires qui touchent l’ensemble du segment des véhicules neufs. Ces variations, même modestes au départ, se répercutent immédiatement sur le marché de l’occasion, dans lequel les prix évoluent presque mécaniquement au même rythme que ceux du neuf. Cette corrélation n’a rien de surprenant : les deux segments sont intimement liés, et l’un ne peut évoluer sans entraîner l’autre.
Les raisons de la hausse
La première cause de cette flambée réside dans la montée brutale de l’euro sur le marché parallèle des devises. Entre le 1ᵉʳ septembre et le 24 novembre, la devise européenne est passée de 264 dinars à 283 dinars, soit une hausse d’environ 7 %. Une progression rapide et suffisamment forte pour générer un impact direct sur les prix du marché automobile local. En Algérie, la quasi-totalité des voitures importées -neuves ou d’occasion- est payée en devises issues du marché noir. Le moindre mouvement du taux de change se répercute donc automatiquement sur le coût d’acquisition du véhicule à l’étranger, puis sur son prix final en dinar une fois introduit sur le marché national.
À ce premier choc s’ajoute un second facteur, plus structurel et potentiellement plus déstabilisant. Les autorités chinoises ont annoncé l’instauration, à partir du 1ᵉʳ janvier prochain, de licences d’exportation obligatoires pour les particuliers et les importateurs informels souhaitant expédier des voitures depuis la Chine vers d’autres pays. Cette mesure, qui vaut pour tous les marchés destinataires, a provoqué un véritable vent de panique en Algérie. En effet, la Chine est aujourd’hui le premier fournisseur de voitures pour le marché algérien, notamment via les circuits parallèles. L’introduction de ces licences risque de compliquer fortement, voire de bloquer, les exportations vers l’Algérie.
L’effet anticipé est une baisse de l’offre disponible. Or, dans un marché déjà tendu et dominé par la dépendance aux importations, toute contraction de l’offre entraîne mécaniquement une augmentation des prix. Les vendeurs anticipent ce mouvement et procèdent d’ores et déjà à des ajustements en prévision d’une rareté accrue dans les mois à venir.
Entre la flambée de l’euro et l’incertitude liée aux nouvelles restrictions chinoises, le marché automobile algérien se retrouve de nouveau en zone de turbulence. Les ménages aux revenus modestes, déjà mis à l’écart par la hausse générale du coût de la vie, voient s’éloigner un peu plus la perspective d’acquérir un véhicule. Les conditions actuelles laissent peu espérer une accalmie à court terme.






