Le marché noir des devises en Algérie connaît une nouvelle phase d’intense activité. L’euro vient d’atteindre un sommet historique face au dinar algérien (DZD) ce mercredi 30 avril, égalisant le record établi le 4 décembre dernier. Les informations recueillies auprès des cambistes du marché parallèle indiquent que 100 euros s’échangent désormais à 26 200 dinars algériens (DA) à la vente pour les particuliers. Du côté de l’achat, le même billet vert est valorisé en moyenne à 26 000 DA.
Les causes de la hausse de l’euro sur le marché noir
Cette ascension fulgurante de l’euro, amorcée au mois du Ramadhan, s’explique par une convergence de facteurs structurels. Les observateurs aguerris du marché des changes identifient plusieurs éléments clés qui alimentent cette dynamique haussière persistante.
En tête de liste figure le retard significatif dans la mise en œuvre de la nouvelle allocation touristique. Fixée à 750 euros par adulte et par an. Cette mesure tant attendue par les Algériens désireux de voyager à l’étranger peine à se concrétiser. Face à cette incertitude, un nombre croissant de citoyens se tourne inévitablement vers le marché noir pour s’approvisionner, ce qui entraîne mécaniquement une augmentation de la demande en euros et, par conséquent, une poussée des prix pratiqués.
Le deuxième facteur d’importance est lié à l’approche imminente de la saison du Hadj. Les Algériens sélectionnés pour accomplir ce pilier de l’Islam se préparent activement à leur voyage spirituel vers La Mecque. Bien qu’une partie des dépenses soit prise en charge par l’État, certaines prestations et dépenses personnelles nécessitent l’acquisition de devises étrangères. Le marché parallèle devient alors une source d’approvisionnement privilégiée pour ces pèlerins, exerçant une pression supplémentaire et significative sur la demande en euros et en dollars.
Les deux autres raisons
Parallèlement, l’accélération des opérations d’importation de voitures neuves et d’occasion de moins de trois ans par les résidents algériens contribue également à cette tension sur le marché des changes. L’augmentation du volume des importations se traduit logiquement par une demande accrue en euros et en dollars, alimentant ainsi la hausse des taux de change observée sur le marché parallèle.
Enfin, l’approche des grandes vacances d’été constitue un quatrième facteur explicatif non négligeable. Traditionnellement, des millions d’Algériens choisissent de passer leurs congés estivaux à l’étranger, avec la Tunisie comme destination prisée par de nombreux vacanciers. Anticipant leurs besoins en devises pour leurs dépenses sur place, certains préfèrent anticiper et acquérir des euros dès maintenant, plutôt que de prendre le risque de taux de change potentiellement plus défavorables à l’approche de la haute saison touristique. Cette anticipation de la demande estivale exerce également une pression haussière significative sur le marché noir des devises.
La combinaison de ces quatre facteurs clairement identifiés crée une situation de forte tension sur le marché noir des devises en Algérie.
Par ailleurs, l’euro marque un léger recul devant le dinar sur le marché financier officiel.