Par Oussama Nadjib
Le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau appelle au blocage des discussions entre l’Algérie et l’Union Européenne au sujet de la révision, demandée par Alger, de l’accord d’association. En attendant, avec l’affaiblissement politique d’Emmanuel Macron, c’est lui qui donne le “la” dans la relation algéro-française en multipliant les coups de mentons et les provocations.
Outre des déclarations absurdes au sujet d’une “immigration de peuplement” algérienne, le ministre de l’Intérieur français déroge à la règle de la collaboration minimale s’agissant des expulsions d’Algériens en jouant de ce qu’il appelle le “rapport de force”. Un jeu de provocation qui devient habituel avec l’objectif d’imposer un fait accompli alors que la gestion des expulsions suppose un climat de confiance et de coopération minimaux.
Pour ne pas permettre à Retailleau de créer des précédents qui entrainent une précarisation juridique de tous les Algériens résidant en France, les autorités algériennes ont, une fois de plus, refusé d’admettre un Algérien expulsé dans la nuit du 10 au 11 février vers Oran. L’homme, âgé de 30 ans, condamné à 6 mois de prison et à une interdiction de territoire, a été embarqué dans un avion, sans que les autorités consulaires soient avisées.
Pour Retailleau, le fait qu’il dispose d’un passeport en cours de validité dispense les autorités françaises de saisir les services consulaires. Le problème est que M. Retailleau est en “campagne” anti-algérienne et que lui permettre d’expulser sur cette base est de nature à ouvrir la boite de Pandore des expulsions “régaliennes” d’Algériens, justifiées par la simple invocation de la “menace à l’ordre public”, une notion à l’interprétation discrétionnaire.
Jouer le “rapport de force”
Le ministre de l’Intérieur français qui prétend que “sa tête est mise à prix” à Alger a pris le pas sur la présidence et le Quai d’Orsay dans la gestion de la relation avec l’Algérie. Il est dans une logique électoraliste d’escalade largement appuyée par les médias Bolloré – hargneusement anti-algériens – et toute la fachosphère de France. « J’ai demandé à mes services de voir dans quelles conditions on pouvait sanctionner la compagnie nationale Air Algérie », a-t-il déclaré. « On est en train de voir toute l’échelle de la riposte possible. »
Après avoir préconisé, en toute méconnaissance de cause, une hausse des tarifs douaniers sur les produits algériens – cela relève des prérogatives de Bruxelles –, Retailleau appelle à impliquer l’Union Européenne dans sa confrontation avec l’Algérie. Il a appelé les chefs d’État européens à ne pas engager une révision de l’accord d’association qu’Alger juge totalement désavantageux “tant que Boualem Sansal ne sera pas libéré ».
« On doit transformer fondamentalement notre relation avec l’Algérie (…), il faut poser un rapport de force« , a-t-il affirmé.