Façade du bâtiment de la Cour des comptes française avec drapeau tricolore et inscription sur fronton.
La Cour des comptes estime entre 40 et 80 millions d'euros par an le préjudice lié à la fraude aux retraites versées en Algérie. ©Wikipédia

La Cour des comptes française alerte sur la fraude aux retraites versées à l’étranger. L’Algérie arrive en tête des pays concernés, devant le Maroc et l’Espagne, avec des pertes pouvant atteindre 80 millions d’euros par an.

Dans un rapport pour l’année 2025, publié dimanche, la Cour des comptes française a révélé une hausse des fraudes liées aux retraites versées à l’étranger, un phénomène qui touche particulièrement le Maghreb. Selon l’institution, l’Algérie arrive en tête des pays concernés, avec un préjudice estimé entre 40 et 80 millions d’euros par an, devant le Maroc et l’Espagne. Au total, près de 6 milliards d’euros de pensions françaises sont transférés chaque année hors du territoire national.

Près de deux millions de retraités perçoivent une pension française depuis l’étranger. Une part importante de ces bénéficiaires réside en Algérie, au Maroc ou en Tunisie. La Cour des comptes relève que seuls 47,5 % des pensionnés établis à l’étranger font l’objet d’un suivi fiable, rendu possible par des accords d’échange d’état civil entre la France et certains pays.

Dans le cas de l’Algérie, où plus de 400 000 pensionnés reçoivent une retraite française, la faiblesse des échanges de données électroniques rend difficile la vérification systématique des certificats d’existence. Les retards dans la transmission d’informations ou la production d’attestations falsifiées expliquent la persistance de versements après le décès du bénéficiaire, parfois sur plusieurs années.

Des contrôles lacunaires entre administrations

Le rapport signale également un manque d’harmonisation entre les administrations françaises et leurs homologues étrangères. Seule la moitié des pays concernés disposent aujourd’hui de conventions permettant la vérification automatique des certificats de vie. Le reste repose encore sur des échanges manuels de documents papier, propices aux erreurs et aux fraudes.

Outre l’Algérie, le Maroc est cité avec un préjudice évalué à environ 12 millions d’euros par an. Pour d’autres pays comme l’Espagne, l’Italie ou le Portugal, la Cour indique ne pas disposer de données consolidées, tout en appelant à une vigilance accrue sur ces flux financiers.