La chronique d’Ihsane El Kadi, publiée sur Maghreb Émergent sous le titre « Algérie, que faire avec les 3e réserves de gaz de schiste au monde ? », n’a pas tardé à faire réagir la toile algérienne et au-delà . Dès sa mise en ligne, le débat sur l’exploitation du gaz de schiste, longtemps enfoui sous la poussière des controverses passées, a ressurgi avec force sur les réseaux sociaux, révélant une opinion toujours profondément divisée sur la question.
Un débat exhumé, une opinion divisée
Dès les premiers commentaires, le ton est donné : la méfiance et l’opposition dominent. « On ne veut pas du gaz de schiste, ni à In Salah, ni ailleurs. L’eau du Sud est notre vie, pas un business ! », s’indigne un internaute, tandis qu’un autre, en arabe, martèle : « لا للغاز الصخري ! حماية البيئة أولاً وقبل كل شيء. » (Non au gaz de schiste ! La protection de l’environnement avant tout). Ces réactions, les plus fréquemment relayées, rappellent le traumatisme des mobilisations d’In Salah en 2015, où la population du Sud avait déjà crié son inquiétude face à un projet jugé opaque et menaçant pour les nappes phréatiques.
Mais la chronique d’El Kadi ne se contente pas de réveiller les peurs. Elle met aussi en lumière l’impasse stratégique dans laquelle se trouve l’Algérie : « Doit-on exploiter notre immense potentiel de gaz de schiste … pour enrayer le déclin désormais avéré du gaz conventionnel ? Ou au contraire, doit-on tourner la page du tout-gaz, refuser cette voie contestée et miser, une fois pour toutes, sur le soleil dont regorge le pays ? ». Ce dilemme, repris par de nombreux commentateurs, alimente une autre frange du débat. Certains, plus pragmatiques, insistent sur la nécessité de garantir la sécurité énergétique du pays : « On ne peut pas rester dépendants du gaz conventionnel alors que nos réserves baissent chaque année », écrit un internaute, tandis qu’un autre, en anglais cette fois, s’interroge : « If we don’t invest in shale gas now, how will we face the energy crisis tomorrow? »
Transparence et appel à un débat national
Entre ces deux pôles, une constante revient : la dénonciation du manque de transparence et de débat public. « Pourquoi le gouvernement refuse-t-il un vrai débat ? Les Algériens ont le droit de savoir ce qui se passe sous leurs pieds », déplore un commentaire parmi des dizaines d’autres. Le sentiment d’un choix imposé, confiné « aux cercles fermés de l’exécutif », nourrit la défiance. « Ce sujet mérite un référendum national, pas une décision prise en coulisses », réclame un autre, tandis que certains appellent à « organiser des assises citoyennes sur l’énergie et l’environnement ».
C’est précisément ce déficit de dialogue que pointe la chronique d’El Kadi : « Ce qui manque, ce n’est pas l’information technique ou les projections de production. C’est le dialogue. Depuis les protestations d’In Salah en 2015, rien n’a été fait pour apaiser, ni pour expliquer ». Un constat largement partagé sur les réseaux, où l’appel à un débat national, transparent et inclusif, fait consensus au-delà des clivages. « Let’s have a real national conversation about shale gas before it’s too late », résume un internaute anglophone, tandis qu’un autre conclut, en arabe : « أين هي الشفافية؟ الشعب يريد الوضوح في مثل هذه القضايا الحساسة. » (Où est la transparence ? Le peuple veut de la clarté sur ces questions sensibles.)
En définitive, la relance du débat par Maghreb Émergent n’a pas seulement réveillé les passions : elle a mis en lumière l’urgence d’un choix collectif, qui ne saurait être tranché sans la société. À l’heure où l’Algérie hésite entre urgence énergétique et transition écologique, la société civile, elle, exige d’être enfin entendue.