Face à la chute de sa production nationale et à la réduction des livraisons israéliennes, l’Égypte multiplie les contacts avec les fournisseurs régionaux. Sonatrach figure parmi les partenaires privilégiés dans la course aux approvisionnements gaziers, alors que Le Caire tente d’éviter une nouvelle crise énergétique estivale.
L’urgence énergétique pousse l’Égypte à accélérer ses démarches d’approvisionnement gazier. Selon la plateforme Attaqa, « les chiffres de mai 2025 révèlent cette stratégie volontariste : quatre cargaisons de gaz naturel liquéfié ont déjà été réceptionnées durant les trois premières semaines du mois, représentant 280 000 tonnes. » Cette cadence pourrait doubler avant la fin mai, le Caire envisageant l’acquisition de quatre cargaisons supplémentaires. L’objectif annuel reste ambitieux avec 155 à 160 cargaisons prévues pour 2025, soit un investissement de 8 milliards de dollars à raison de 48 à 50 millions de dollars par cargaison. Cette stratégie d’importation massive répond à une équation énergétique devenue problématique : la production nationale a chuté à 4,3 milliards de pieds cubes par jour en janvier 2025, contre 4,6 milliards un an plus tôt, tandis que les approvisionnements israéliens, qui couvraient jusqu’à 20% de la consommation nationale, se réduisent progressivement.
Des négociations avancées avec les partenaires régionaux
Les discussions entre l’Égypte et l’Algérie s’intensifient dans cette période de tension. Sonatrach fait partie des fournisseurs sollicités aux côtés du Qatar, de Saudi Aramco et d’ADNOC pour l’acquisition de 40 à 60 nouvelles cargaisons destinées à couvrir la demande estivale. Ces négociations suivent une approche pragmatique du gouvernement égyptien, qui impose des conditions strictes à ses partenaires : un prix plafond de 14 dollars par million de BTU, un paiement anticipé de 25% de la valeur de chaque cargaison avant livraison, et le solde des 75% restants douze mois après l’injection du gaz dans le réseau national. Ces modalités contractuelles reflètent les contraintes budgétaires égyptiennes tout en garantissant une certaine flexibilité financière.
Un partenariat économique en expansion
Cette proximité algéro-égyptienne dans le secteur gazier s’appuie sur des relations commerciales déjà solides. Les échanges bilatéraux ont atteint 622 millions de dollars sur les huit premiers mois de 2024, progression qui encourage les deux gouvernements à fixer un objectif ambitieux de 5 milliards de dollars dans les quatre prochaines années. Cette dynamique commerciale facilite les discussions actuelles sur le gaz, les deux parties disposant déjà de canaux de communication établis et d’une connaissance mutuelle des contraintes respectives.
Le secteur énergétique devient progressivement le moteur de cette coopération renforcée. Au-delà des négociations sur le GNL, un mémorandum d’entente a été signé entre Sonelgaz et l’égyptien Elsewedy Electric pour développer leur collaboration dans l’ingénierie, les infrastructures énergétiques et la formation. Cette approche intégrée répond aux besoins structurels de l’Égypte, qui doit simultanément moderniser son secteur énergétique et sécuriser son approvisionnement. Les investissements égyptiens déjà présents en Algérie, qui s’élèvent à près de 3 milliards de dollars dans les infrastructures et les engrais, créent également un climat de confiance propice à ces nouveaux accords énergétiques.
Pour l’Algérie, ces négociations représentent une opportunité de renforcer sa position sur le marché méditerranéen du gaz. Sonatrach peut ainsi valoriser sa production excédentaire sur un marché de proximité, tout en développant une relation commerciale durable avec un partenaire régional de poids. L’Égypte constitue également une porte d’entrée potentielle vers les marchés européens via les infrastructures de liquéfaction égyptiennes, une perspective attractive pour l’opérateur algérien.