Alors que l’Europe cherche à diversifier ses sources d’approvisionnement énergétique, deux régions gazières se distinguent : l’Algérie d’un côté, la Méditerranée orientale de l’autre.
Selon la plateforme Attaqa, les chiffres établissent une hiérarchie claire. L’Algérie détient à elle seule 159 trillions de pieds cubes de réserves prouvées de gaz naturel à fin 2024. Cette dotation naturelle se double d’un potentiel encore plus considérable : 700 trillions de pieds cubes de gaz de schiste inexploité, selon l’Institut d’études géologiques des États-Unis. Ce volume place l’Algérie au troisième rang mondial pour les réserves de gaz de schiste.
La Méditerranée orientale présente un profil différent. Les découvertes récentes totalisent environ 80 trillions de pieds cubes de ressources récupérables, d’après Wood Mackenzie. Le gisement Zohr en Égypte représente 23 trillions de pieds cubes selon les estimations d’Eni, bien que certaines révisions suggèrent des réserves confirmées de seulement 10 trillions. Le champ Léviathan en Palestine affiche des réserves similaires de 23 trillions, tandis que les blocs chypriotes 6 et 10 recèlent 20 trillions de pieds cubes. La zone économique exclusive libanaise complète ce tableau avec 25 trillions de pieds cubes.
L’infrastructure, multiplicateur de force
Cette supériorité quantitative s’accompagne d’un atout décisif qu’est l’infrastructures. L’Algérie exploite deux gazoducs opérationnels vers l’Europe : le Transmed qui relie le pays à l’Italie via la Tunisie, et le Medgaz qui connecte directement l’Algérie à l’Espagne. Ces connexions éprouvées dispensent l’Europe des délais et investissements considérables qu’exigerait la construction de nouveaux réseaux depuis la Méditerranée orientale.
Cette connectivité directe se double d’une capacité de liquéfaction autonome. Les terminaux de Skikda et Arzew permettent à l’Algérie d’adapter ses livraisons aux fluctuations de la demande mondiale. En 2024, le pays s’est hissé au deuxième rang des exportateurs africains de GNL avec 11,62 millions de tonnes, derrière le Nigeria. Les données du premier trimestre 2025 confirment cette dynamique avec 2,24 millions de tonnes exportées.
L’Europe, débouché privilégié
Cette production trouve naturellement son débouché européen. L’Union européenne a importé 6,84 millions de tonnes de GNL algérien en 2024. Le premier trimestre 2025 enregistre déjà 1,07 million de tonnes, attestant de la régularité de ces échanges commerciaux.
Cette relation énergétique bénéficie de la stabilité politique relative de l’Algérie. Le pays maintient sa production et ses exportations malgré les tensions géopolitiques régionales. À l’inverse, la Méditerranée orientale affronte des défis géopolitiques persistants : le conflit israélo-palestinien et les tensions turco-grecques compliquent la concrétisation des projets énergétiques de long terme.
Une domination qui perdure
L’interruption des flux gaziers russes renforce automatiquement l’importance stratégique de l’Algérie pour l’approvisionnement européen. Alors que l’Europe recherche activement des alternatives fiables, l’Algérie réunit les conditions nécessaires : des réserves substantielles, des infrastructures opérationnelles et un environnement politique stable.
Les découvertes gazières en Méditerranée orientale élargissent certes les options d’approvisionnement européennes. Néanmoins, l’écart quantitatif des réserves, combiné aux infrastructures existantes et au différentiel géopolitique, maintient l’Algérie dans sa position de référence. Les 159 trillions de pieds cubes algériens face aux 80 trillions méditerranéens orientaux dessinent une hiérarchie énergétique qui résiste aux bouleversements régionaux.