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Maghreb

Ghardaïa, plaie ouverte dans le cœur du CPP (audio-vidéo)

Par Yazid Ferhat
9 juillet 2015
Au CPP, on tente de disséquer le drame de Ghardaïa pour éviter de nouvelles dérives

Comment éviter de nouvelles dérives à Ghardaïa ? Le Café Presse Politique de Radio M tente de comprendre comment on en est arrivé là, et pointe du doigt la défaillance de l’Etat.

 

Le CPP voulait faire l’éloge de l’action politique et de la formidable performance du premier ministre grec Alexis Tsipras. Il a été rattrapé par le drame de Ghardaïa, qui a contraint le Café Presse Politique de Radio M à consacrer l’essentiel de l’émission de mercredi 8 juillet à la sanglante dérive enregistrée dans la vallée du M’Zab.

Le CPP ne s’est pas contenté de pointer du doigt la responsabilité du pouvoir dans le pourrissement de la situation à Ghardaïa. Il a aussi souligné la complexité d’une situation explosive, où le manque d’Etat a conduit à une dérive devenue difficile à maitriser. Abed Charef a souligné que la société algérienne a évolué à un rythme effréné, alors que les instruments dont dispose l’Etat sont restés archaïques, quand ils n’ont pas régressé. La société explose littéralement, entre la pression de la tradition, de la religion, un salafisme puissant qui s’impose, et une modernité s’appuyant sur des moyens de communication redoutables. Il y a des Algériens branchés Jazeera, d’autres sur MBC, Kardhaoui, El-Arifi, il y a Amr Dhiab et Amr Khaled, et il y a aussi des pans d’Algérie et d’autres de modernité de type occidentale. Le pouvoir n’est pas en mesure de gérer une telle complexité », dit-il, ajoutant que ce même pouvoir a fait un « diagnostic erroné, il a proposé des solutions erronées ». De plus, l’inaction a aggravé la situation. Il y a « une incompréhension totale ».

El-Kadhi Ihsane note aussi qu’il y a une « déliquescence des deux côtés», « dans l’état et dans la société ». Il redoute d’ailleurs que les conflits « communautaires » se multiplient dans les années qui viennent.

« Inacceptable » que la police fasse grève

Saïd Djaafer souligne toutefois que « la déliquescence est surtout dans l’Etat ». Les « vieilles méthodes de gestion » n’ont pas donné de résultat à Ghardaïa, face à des « jeunes qui sont dans « une forme de radicalisme ethniciste violent ». Pour lui, « il y a clairement des gens qui ne veulent pas que ça s’arrête », qui s’ajoute à « un fond du problème, une vraie défaillance de l’Etat ».

Akram Kharief, animateur du site https://algeriefocus.com/www.secretdifa3.net, invité de l’émission, a souligné l’échec de l’Etat et de ses « démembrements, police, administration », etc. Il a relevé que la situation s’est dégradée mercredi 8 juillet, le jour où « la police a fait grève ». Pour lui, « c’est inacceptable, en plus du fait que c’est un remake d’une histoire antérieure ». Il « n’est pas normal » que la structure chargée de gérer une situation aussi délicate se dérobe. Il estime que des responsables locaux devraient être sanctionnés, et se demande pourquoi il n’y a pas de sanctions en Algérie.

Dans le même sens, El-Kadhi Ihsane rappelle que le général Hamel, patron de la police, est toujours en poste, alors que les éléments de la DGSN ont mené une mutinerie il y a quelques mois.  « S’il y a quelqu’un qui devrait être démis de ses fonctions pour rétablir un peu de contenu républicain dans cette institution, c’est bien le général Hamel », affirme El-Kadhi Ihsane.

Exception mozabite ?

El-Kadhi Ihsane rappelle que « le mode de régulation privilégié de l’Etat, c’est l’argent ». Il note que « la réponse par l’argent n’est pas opérante cette fois-ci ». Il déplore aussi que « dès qu’il y a crise, l’armée apparait comme l’ultime recours ».

Une question  fait polémique. El-Kadhi Ihsance a affirmé que l’Etat aurait du faire une exception à Ghardaïa, qui aurait du rester à  majorité mozabite, pour garder son homogénéité. Il a admet que le melting-pot est nécessaire, mais « il fallait une exception pour le M’Zab ». « C’est antirépublicain », répond Abed Charef. « Il faudrait que l’Algérien puisse s’installer là où il veut », ajoute Akram Kharief, qui affirme qu’il « n’aime pas régions ethniquement pures ».

En demandant au chef de la 4ème région militaire de prendre en charge la situation à Ghardaïa, le président Bouteflika a-t-il fait le bon choix, demande Khaled Drareni. Unanimité au CPP : non. Abed Charef est tranché : ce n’est pas sa mission,  ni sa vocation. « L’armée ne peut pas rétablir la situation. Si elle est maintenue longtemps, les prochains morts à déplorer risquent d’être des militaires et des gens tués par les militaires », dit-il.

Pour Akram Kharief, l’armée apparait comme la plus apte, mais « ça ne veut pas dire que l’armée va gérer Ghardaïa, c’est impensable ». Selon lui, l’armée « n’est pas outillée pour gérer un conflit entre civils ». Abed Charef se demande même si ce n’est pas le piège, car si la situation dégénère, il y a le risque que « l’armée se décrédibilise ». Or, « les intervenants doivent être crédibles, légitimes. Je refuse l’idée selon laquelle la police n’est pas crédible ».

Bouteflika et Tsipras

Face à la gravité de la situation à Ghardaïa, il était difficile de trouver de l’intérêt à l’actualité politique. Mais le CPP ne pouvait occulter la lettre du président Bouteflika rende publique à l’occasion du 5 juillet, ni les interviews des patrons des « partis de l’allégeance », ni les récentes promotions au sein de l’ANP. Mais ceci paraissait peu excitant face à ce qui s’est passé en Grèce, ce que réalise la star du moment, le premier ministre Alexis Tsipras.

Abed Charef pouvait-il utiliser Tsipras comme prétexte pour s’attaquer au pouvoir ? Il l’a fait. Une situation de crise impose une activité exceptionnelle de la part des dirigeants, avec des journées de travail de 20 heures par jour, a-t-il dit. Tsipras l’a fait, le président Bouteflika ne peut pas le faire. Il n’est donc pas apte à diriger le pays. Le médecin qui lui a délivré un certificat médical pour se présenter à la présidentielle a commis un faux, a-t-il conclu.

Extraits vidéo : https://algeriefocus.com/bit.ly/1LYxqJ0

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