Dans une wilaya présentée depuis des années comme un pôle de développement du Sud, Ghardaïa compte encore onze zones d’activités miniatures à l’arrêt. Aucune n’a été mise en service, malgré les annonces répétées sur la relance de l’investissement local. Le ministre de l’Industrie, Yahia Bounouar, a reconnu jeudi à Alger que son département suivait le dossier « avec attention », tout en promettant une réorganisation complète du foncier industriel à partir de 2026.
Le constat est désormais partagé. Le foncier économique reste l’un des maillons faibles de la politique industrielle nationale. À Ghardaïa, comme dans d’autres wilayas, des terrains aménagés ont été attribués sans suivi technique, ni raccordement aux réseaux de base. Des hectares de zones d’activités restent inoccupés, alors que la demande d’espaces productifs ne cesse de croître.
À ce jour, plus de 255 hectares de foncier industriel ont été récupérés faute d’exploitation. Un chiffre qui mesure l’ampleur du gâchis et l’urgence à relancer l’attribution des terrains. Pourtant, la wilaya ne manque pas d’atouts. Outre ses onze zones miniatures à l’arrêt, elle dispose de trois grandes zones industrielles à Guerrara, Bounoura et Oued-Nechou, couvrant 354 hectares, avec 227 lots prêts à accueillir des entreprises, auxquels s’ajoutent quatorze autres zones d’activités viabilisées. Malgré ce potentiel, le tissu industriel local reste en sous-exploitation, alors que Ghardaïa compte près de 5 800 PME et plus de 23 000 travailleurs dans le secteur industriel.
Les besoins exprimés par les investisseurs sont d’autant plus pressants que la stratégie nationale vise le développement de l’agroalimentaire et de nouvelles filières sur des superficies minimales de 200 hectares par projet. Quatre milliards de dinars ont été mobilisés pour la réhabilitation et le raccordement des principales zones en électricité, gaz et eau dans la wilaya.
Les incitations fiscales ne suffisent pas
La future Agence nationale du foncier industriel (ANFI) sera chargée de reprendre la main sur la gestion et la réhabilitation de ces sites, dans le cadre d’un dispositif censé rationaliser l’exploitation du patrimoine industriel de l’État. Mais la restructuration administrative ne sera pas suffisante.
Le ministre a rappelé que la nouvelle loi sur l’investissement prévoit jusqu’à dix années d’exonération fiscale et parafiscale pour les projets implantés dans les Hauts-Plateaux et le Sud. Sur le terrain, pourtant, les incitations financières ne suffisent pas à compenser les retards d’infrastructures et la complexité des procédures administratives.
Le gouvernement veut afficher une approche plus intégrée. Outre Ghardaïa, cinq nouvelles zones d’activités doivent être opérationnelles à Ouargla dès le premier semestre 2026, tandis que des projets de modernisation sont engagés dans l’industrie textile à Sétif et la métallurgie à Tébessa. Ces chantiers visent à réduire la dépendance aux importations et à créer des pôles régionaux de production.





