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Guerre commerciale : l’Algérie dans le camp pacifiste face à Trump

Par Samy Indjar
4 août 2025

La date couperet arrive. Le 7 août, l’administration Trump enclenche une nouvelle salve dans la guerre commerciale qu’elle a ouverte depuis 2018. Cinquante pays sont concernés par des surtaxes douanières pouvant atteindre 40%. Washington présente cette mesure comme un « rééquilibrage » indispensable, mais les économistes redoutent un choc mondial : hausse des prix à la consommation, perturbation des chaînes d’approvisionnement et ralentissement des flux d’échanges. « On assiste à un retour brutal au protectionnisme », résume un rapport de l’OMC publié en juillet.

Quatre réponses face aux surtaxes américaines

Les pays ciblés n’ont pas réagi de la même manière. Quatre tendances se dessinent.

Les accommodements. Le Japon, l’Union européenne, la Corée du Sud et les Philippines notamment ont obtenu des exemptions partielles après d’intenses négociations, privilégiant le compromis à l’affrontement.

Les représailles. Le Canada, le Brésil frappé par une surtaxe politique, la Suisse et plusieurs pays d’Afrique ou du Moyen-Orient ont répliqué en taxant les exportations américaines, espérant peser sur la Maison-Blanche sans déclencher une escalade incontrôlable.

La retenue. L’Algérie, la Tunisie, la Libye et l’Afrique du Sud, parmi d’autres pays, n’ont pas riposté, par crainte d’aggraver la situation. Ces pays préfèrent absorber le choc plutôt que de risquer un bras de fer perdu d’avance.

Les négociations en suspens. Les discussions entre Washington et Pékin restent le dossier central. Leur issue déterminera l’ampleur et la durée du conflit.

L’Algérie, un pacifisme sous contrainte

L’Algérie figure parmi les petits perdants immédiats : depuis le 7 août 2025, l’ensemble de ses exportations vers les États-Unis est taxé à hauteur de 30%. Une lettre adressée par Donald Trump au président Abdelmadjid Tebboune évoque un « déficit commercial persistant » et accuse Alger de maintenir des barrières tarifaires et réglementaires freinant l’accès des produits américains.

Le gouvernement algérien a choisi de ne pas répliquer. Le président Tebboune a minimisé l’impact des surtaxes américaines sur les exportations algériennes. Elles toucheront principalement du pétrole léger , des produits sidérurgiques, du ciment et des dattes. Le Président a suggéré, dans son dernier entretien avec la presse le 19 juillet, aux acteurs économiques algériens concernés par la surtaxe américaine d’améliorer leur compétitivité afin de préserver leurs parts de marché aux États-Unis. Il était clair que l’Algérie ne souhaitait pas de bras de fer commercial avec l’administration Trump.

Pour Alger, l’équation est toutefois délicate. Le pays cherche à diversifier ses exportations hors hydrocarbures et faisait du marché américain un des débouchés pour des produits compétitifs comme les pneus ou les matériaux de construction. Dans le même temps, le gouvernement mise sur le partenariat avec les majors américaines pour exploiter à moyen terme le gaz de schiste abandon au Sahara. Ses intérêts stratégiques l’obligent à sacrifier l’enjeu commercial actuel.

Cette stratégie de retenue rapproche l’Algérie de ses voisins. La Tunisie et la Libye, également visées, temporisent elles aussi. Le Maroc, moins touché (10% de surtaxe), a choisi la même prudence, misant sur le dialogue pour éviter l’embrasement.

Une nouvelle ère protectionniste naissante

Le 7 août 2025 pourrait rester comme le point de bascule d’une nouvelle ère protectionniste. Si la surtaxe américaine fragilise déjà plusieurs économies, c’est l’évolution du face-à-face sino-américain qui fixera le cap.

Un accord entre Washington et Pékin, à peine entrevu dans les négociations de Stockholm le mois passé, offrirait une respiration aux marchés internationaux, réduisant la tentation des mesures unilatérales. Un échec, en revanche, pousserait d’autres États à durcir leurs positions et à choisir leur camp, au risque de fragmenter durablement le commerce mondial.

Pour l’heure, Alger fait le pari de la patience et de la diplomatie. Mais cette posture ne pourra tenir que si les grandes puissances acceptent, à terme, de redéfinir ensemble les règles du jeu commercial.

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