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Hausse des prix : pourquoi la baisse de la TVA proposée par l’Apoce n’est qu’un cataplasme

Par Kheireddine Batache
16 septembre 2021

Faisant désormais office de phénomène économique avéré et admis par le tout-venant comme par les initiés, la hausse exponentielle des prix de produits de large consommation traduit l’état actuel de l’économie algérienne, qui n’arrive pas à trouver de solutions viable à ce problème endémique.

Concerné en premier lieu par les conséquences d’une telle situation sur le pouvoir d’achat des algériens, le président de l’Organisation algérienne de protection et d’orientation du consommateur et son environnement (APOCE), Mustapha Zebdi a proposé, lors d’un point de presse au siège de l’Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), la réduction voire la supression de la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA), « pour assurer la maitrise du marché et protéger le pouvoir d’achat du citoyen ».

Zebdi a également appelé à fixer une marge de bénéfice pour certains produits de base, en actualisant leur prix référentiel. Pour le président de l’APOCE, la flambée des prix est due au « manque de transparence au niveau des mécanismes de commercialisation » qui sont, a-t-il dit, souvent méconnus, appelant à prendre des solutions radicales pour réduire la hausse des prix des produits de consommation, comme la mise en œuvre d’un projet de moralisation des pratiques commerciales.

La baisse de la TVA : une fausse bonne idée ?

De prime abord, intervenir directement au niveau de la TVA semble être la solution idoine pour produire un électrochoc susceptible de ramener à la vie la consommation de certains produits, dont les prix battent de l’aile depuis de longues semaines, notamment vis-à-vis de la classe moyenne et ouvrière. D’autre part, une telle mesure aurait pour effet corollaire le rétablissement de la confiance des ménages dans les marchés et évitera qu’un éventuel « collapse » commercial ne se produise.

Cependant, et à en croire les experts, ce ne serait pas « tout bénef » d’agir sur la TVA, pour moult raisons. D’abord, si l’Etat décide de généraliser une baisse ou une exonération de la TVA, cela lui reviendrait très cher. Il faudra donc procéder à un ciblage précis des catégories de produits en question. Mais le fait est que celles qui sont sujettes à la hausse des prix sont parmi les activités qui rapportent le plus, en matière de taxe sr la valeur ajoutée.

Il convient également de noter qu’une baisse de la TVA ne garantie en rien que les producteurs baissent leur prix en contrepartie ! En effet, aucun mécanisme de régulation des prix en fonction du taux de la taxe appliquée n’est prévu par le législateur.

Autre inconvénient à signaler, la baisse de la TVA ne profite pas toujours à l’économie ciblée. Aussi, il faudra distinguer les produits locaux des produits importés, afin que celle-ci ne bénéficient pas aux fournisseurs étrangers au détriment des producteurs locaux, qui le cas échéant seraient sacrifiés sur l’autel de la régulation des marchés.

Par ailleurs, la mesure en question ne pourra pas s’applique aux marchés parallèles qui ne sont soumis à aucune loi en matière de fiscalité et qui, par conséquent, fixent les prix des produits commercialisés à leur guise sans tenir compte des réalités macroéconomiques. Seule une éventuelle concurrence de la part des circuits légaux pourraient les contraindre à s’aligner sur les nouveaux prix pratiqués par les commerçants.

Enfin, le réajustement des marges au moment de revenir aux taux de TVA initiaux risquent fortement de créer un déséquilibre des prix et ainsi reproduire le même cycle, en favorisant à nouveau la hausse de la mercuriale au niveau des produits cibles.

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