La scène politique nationale est dans l’attente d’un remaniement gouvernemental qui pourrait survenir à tout moment, surtout que de nombreux dysfonctionnements affectent le bon fonctionnement du gouvernement. Depuis le limogeage du Premier ministre Nadhir Larbaoui, le gouvernement semble ne plus se conformer ni aux traditions politiques établies ni aux règles fixées par la Constitution.
La Foire commerciale intra-africaine, un événement économique d’envergure pour lequel les autorités algériennes ont mobilisé toutes leurs ressources matérielles et humaines en raison de ses enjeux diplomatiques et géopolitiques, a été inaugurée le jeudi 4 septembre par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune. Elle s’est poursuivie pendant une semaine d’activités culturelles et festives aux couleurs du continent africain. La cérémonie de clôture, cependant, a été présidée non pas par un membre du gouvernement, mais par le directeur de cabinet de la présidence.
Le recul du rang des ministres dans la hiérarchie de l’État
Selon la Constitution, le poste de directeur de cabinet n’existe pas dans l’architecture officielle de l’État algérien. En principe, la représentation du chef de l’État incombe soit au Premier ministre, soit au président du Conseil de la Nation, considéré comme le deuxième personnage de l’État. Dans le cadre d’un événement tel que le salon commercial africain, le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, aurait été le plus indiqué pour assurer la clôture. À défaut, le Premier ministre par intérim aurait pu s’en charger, d’autant plus que son statut ne l’empêche pas de présider des réunions sensibles dépassant la gestion courante. Dans le pire des cas, la tâche aurait pu revenir au ministre du Commerce ou à celui de l’Intérieur.
L’absence d’Ahmed Attaf à la cérémonie de clôture a d’ailleurs ouvert la voie à des spéculations sur son avenir au sein du gouvernement. Pendant ce temps, le Premier ministre et plusieurs autres ministres du Commerce (intérieur et extérieur) se tenaient en retrait derrière les chefs de cabinet et de communication de la présidence.
La course contre-la-montre de Sifi Ghrieb
Ce n’est pas la première fois que ces deux responsables au niveau de présidence prennent le devant sur les membres du gouvernement sur la scène médiatique, mais cela relevait de la politique domestique du pays. Le fait que cela se fait également sous les yeux de délégations étrangères peut altérer l’image de l’Algérie et ouvre la voie à de multiples lectures de la part des chancelleries diplomatiques en Algérie.
La relégation des ministres derrière des membres du cabinet présidentiel envoie un signal que le gouvernement actuel est en fin de mission et qu’un remaniement est imminent. Sifi Ghrieb sera-t-il confirmé comme Premier ministre ? En deux semaines, il a été plus présent dans les médias que le Premier ministre limogé durant toute la durée de son mandat. Cependant, cela ne suffit pas pour indiquer le nom du prochain occupant du palais Dr Saâdane.
Le président Tebboune aurait pu charger Sifi Ghrieb de former un nouveau gouvernement, mais il ne l’a pas fait. Ce choix suggère que le changement opéré n’a pas été mûrement réfléchi sur le plan politique, mais plutôt dicté par un événement précis — que beaucoup associent à l’absence de Nadhir Larbaoui lors de l’accident tragique du bus à Oued El Harrach.
Nouveaux usages politiques et opacité
Une fois de plus, la manière dont Nadir Larbaoui a été limogé constitue une rupture avec les usages politiques et constitutionnels algériens. Jusque-là, il n’avait jamais été annoncé qu’un président algérien avait signé un décret pour mettre fin aux fonctions d’un Premier ministre. La pratique habituelle était plutôt que ce dernier présente sa démission et celle de son gouvernement, que le président accepte ou refuse.