« Les arriérés de paiement des compensations par le Trésor public se sont allongés en 2025 au-delà de six mois. » Cette information, recueillie par Maghreb Émergent auprès d’un prestataire financier proche des acteurs industriels de l’huile brute raffinée en Algérie, inquiète toute la filière. Ces compensations, destinées à couvrir l’écart entre le coût réel de l’importation et du raffinage et le prix de vente subventionné, étaient jusque-là réglées avec un délai moyen de trois mois. Le doublement du retard fragilise un mécanisme au cœur de l’approvisionnement en huile alimentaire.
Des arriérés qui pèsent sur la trésorerie des importateurs
Le poids budgétaire de ces subventions reste considérable pour l’État. En 2024, près de 120 milliards de dinars ont été consacrés au soutien de l’huile et du sucre. Mais ces montants, bien qu’imposants, n’ont pas suffi à enrayer l’allongement préoccupant des délais de compensation.
Les opérateurs, eux, doivent continuer de régler leurs fournisseurs étrangers à temps, alors qu’ils ne perçoivent leur part compensée par l’État qu’avec retard. L’exigence préalable de validation administrative d’un programme prévisionnel d’importation complique encore les transactions.
Cette situation exerce une pression directe sur leur trésorerie. Faute de liquidités suffisantes, les volumes importés pourraient reculer dès le début de 2026, menaçant le rythme normal d’approvisionnement. Un tel repli, même limité, risquerait de fragiliser la disponibilité du produit sur le marché intérieur. Un scénario que les Algériens ont déjà connu récemment.
Pourquoi les retards s’allongent-ils ?
Les causes de cette dérive font débat. Certains évoquent les tensions de trésorerie du Trésor, d’autres pointent la lourdeur administrative des procédures de vérification et de validation des dossiers. La combinaison de ces deux facteurs dessine un système sous tension, dont la fluidité se dégrade au détriment des acteurs de la filière.
En revanche, certains arguments paraissent peu convaincants. L’introduction du café vert en 2024 dans le dispositif de subvention — pour un coût estimé à seulement 3 milliards de dinars — reste marginale par rapport aux sommes engagées pour l’huile et le sucre. De même, la thèse d’une flambée des prix internationaux de l’huile brute ne tient pas : les cours mondiaux sont au plus bas en 2025. Les difficultés semblent donc relever avant tout d’un décalage budgétaire interne et d’une gestion contrainte de la dépense publique.
Le spectre d’une pénurie en 2026
Si les retards de paiement persistent, le scénario le plus probable est une contraction des importations en 2026. Les opérateurs ne pourront pas indéfiniment assumer l’avance de trésorerie qu’impose le mécanisme. Le marché intérieur pourrait alors connaître de sérieuses perturbations.
Dans un contexte où l’huile est un produit hautement sensible, la perspective d’une raréfaction alimente une inquiétude croissante. L’année 2025 restera comme celle où les arriérés de paiement ont explosé. L’année suivante dira si cette tendance se transforme en véritable crise d’approvisionnement.