L’hydrogène vert s’impose comme un pilier incontournable de la transition énergétique mondiale. L’Algérie présente un potentiel notable puisqu’elle figure parmi les pays africains affichant les coûts de production d’hydrogène vert les plus faibles. Toutefois, malgré cet avantage, la rentabilité des projets d’exportation vers l’Europe reste un défi majeur.
L’Union européenne (UE) mise fortement sur l’hydrogène vert africain pour atteindre ses objectifs de décarbonation, en particulier dans les secteurs de l’industrie lourde et des transports. Plusieurs accords bilatéraux ont déjà été conclus avec des pays tels que la Namibie, l’Égypte et la Mauritanie, ouvrant la voie à des projets d’exportation d’hydrogène vert vers l’Europe.
Un récent rapport, issu d’une collaboration entre l’Université technique de Munich, l’Université d’Oxford et l’École polytechnique fédérale de Zurich, vient toutefois nuancer cet optimisme. Publié le 2 juin 2025, ce document souligne que le coût réel de l’hydrogène vert africain destiné à l’exportation pourrait être nettement supérieur aux estimations initiales.
Des coûts de financement sous-estimés, un frein à la rentabilité
L’étude, intitulée Mapping the cost competitiveness of African green hydrogen imports to Europe, met en lumière une lacune majeure dans les modèles d’évaluation actuels : ceux-ci ne prennent pas suffisamment en compte les spécificités du contexte africain, marqué par des risques élevés et des conditions de financement hétérogènes.
Pour pallier ce manque, les chercheurs ont développé une nouvelle méthode de calcul. Cette approche innovante intègre notamment les taux d’intérêt locaux, les infrastructures de transport et de stockage, ainsi que les facteurs de stabilité politique et de sécurité juridique propres à 31 pays africains.
L’Algérie et cinq autres pays africains au potentiel avéré
En appliquant ces modèles géospatiaux à plus de 10 300 sites côtiers africains, les résultats sont édifiants : seuls 2,1 % des sites analysés pourraient atteindre un coût compétitif de 3 euros/kg d’ici à 2030, et ce uniquement si des garanties de prix et d’achat sont fournies par les pays européens.
Ces sites prometteurs se concentrent dans six pays : l’Algérie, le Kenya, la Mauritanie, le Maroc, la Namibie et le Soudan. L’Algérie se distingue par sa position particulièrement avantageuse en matière de coûts de production d’hydrogène vert.
La nécessité d’un cadre favorable pour dérisquer les projets
Le rapport insiste sur un point crucial : pour que l’hydrogène vert africain devienne réellement compétitif à l’exportation, l’engagement des pays européens est indispensable. Des contrats d’achat fermes à prix fixes et des garanties contre les risques de défaut de paiement sont essentiels pour sécuriser les investissements et réduire les coûts à long terme. Sans ces mesures de dérisquage, la production d’hydrogène vert en Afrique, y compris dans des pays comme l’Algérie, risque de demeurer non rentable à l’exportation.