La Foire commerciale intra-africaine (IATF 2025) a refermé ses portes à Alger après une semaine rythmée par des activités variées, des rencontres d’affaires et des promesses d’investissement. Considéré comme la plus grande plateforme d’échanges économiques du continent, l’événement s’est imposé comme une vitrine majeure de la nouvelle dynamique africaine.
Derrière les chiffres officiels, qui attestent d’un succès certain, les participants ont toutefois relevé quelques défis liés à l’organisation, à la coordination et à la communication, éléments essentiels pour poursuivre l’essor de cette manifestation.
Des pavillons modernes mais une coordination à améliorer
Les nouveaux pavillons spécialement conçus pour accueillir cette édition ambitieuse n’étaient pas totalement prêts, ce qui a entraîné une décentralisation partielle des activités. La gestion des conférences s’est ainsi révélée plus complexe, certaines devant se tenir dans différents pavillons, dont celui de l’Union africaine. Malgré ces contraintes, ces sessions ont permis d’aborder des sujets essentiels pour le développement économique du continent.
Le manque ponctuel de signalisation et la diversité linguistique — arabe, français et anglais — ont également représenté un défi pour certains visiteurs. Toutefois, cette pluralité reflète la richesse culturelle et commerciale de l’Afrique.
Fréquentation solide pour un salon d’envergure
Plus de 2 000 entreprises venues de toute l’Afrique ont participé à l’événement, qui a attiré environ 65 000 visiteurs. Ce chiffre illustre l’intérêt marqué pour les produits et services présentés, avec une présence significative de PME au savoir-faire remarquable. Bien que certains exposants aient souhaité voir plus de visiteurs fréquenter leur stand, l’événement a favorisé de nombreuses mises en relation porteuses de perspectives.
La diversité et la qualité des stands reflétaient le dynamisme de l’entrepreneuriat africain, souvent salué par les visiteurs.
Une règle du salon, interdisant la vente directe de produits, a toutefois suscité quelques frustrations, notamment chez les exposants désireux de concrétiser immédiatement des transactions. Jérémie Ndahihimiye, responsable marketing du Burundi Coffee Development Office (ODECA), confie : « L’organisation est au top, c’est une fête pour toute l’Afrique, un honneur d’y participer. Mais nous n’avons pas pu vendre sur place. Les visiteurs étaient impressionnés par nos produits, mais ne pouvaient rien acheter, ce qui est frustrant pour eux comme pour nous. »
Cette contrainte, bien qu’elle vise à favoriser des négociations en dehors du salon, mérite d’être réexaminée pour renforcer l’expérience commerciale globale.
L’artisanat à l’honneur, malgré certaines perceptions
Les artisans créateurs ont su séduire le public avec des produits uniques, faits main, témoignant d’un savoir-faire précieux. Maeza Beyene, fondatrice et designer textile d’Éthiopie, témoigne : « Les visiteurs étaient impressionnés par nos textiles faits main, et j’ai rencontré des clients sérieux, notamment un Algérien installé en France et un Sud-Africain. Cependant, beaucoup ne mesuraient pas pleinement la valeur de ce travail artisanal, souvent perçu comme plus coûteux que les produits industrialisés. »
Ces échanges soulignent la nécessité de mieux sensibiliser le marché à la qualité et à la valeur de l’artisanat africain.
Des réussites nationales encourageantes
Le Cameroun a particulièrement tiré parti de cette édition grâce à un stand bien conçu et à une stratégie claire d’attraction des investisseurs. Hamidou Bahlah, sous-directeur de la promotion des investissements à l’étranger, se félicite : « Cette édition est une réussite. Nous avons eu plusieurs contacts avec des investisseurs sérieux intéressés par le marché camerounais, ce qui est très positif pour notre économie et pour l’Afrique. »
La Côte d’Ivoire s’est elle aussi illustrée, avec un stand animé de conférences régulières, notamment celles organisées par la CEDEAO, qui ont favorisé le dialogue entre exposants. Rami Koné, exposante ivoirienne, souligne « une ambiance réussie sur toute la ligne », confirmant le rôle fédérateur de l’événement.
Conférences et panels : une programmation dense
Le salon a proposé un grand nombre de conférences et de panels couvrant des thématiques cruciales pour l’avenir économique africain. Ces espaces d’échanges et de débats ont permis à de nombreuses personnalités de partager leurs visions, enrichissant ainsi la réflexion collective du continent.
Bien que la fréquentation de certaines sessions ait parfois été inégale, ces moments ont renforcé la dimension intellectuelle et politique de l’IATF. Comparativement à l’ampleur de l’événement et au nombre d’invités étrangers, la logistique a été jugée satisfaisante. L’organisation des transports, des hébergements et de la sécurité a permis d’assurer une expérience fluide aux participants.
Une édition prometteuse à perfectionner
Cette 4e édition de l’IATF à Alger s’affirme comme un rendez-vous incontournable du commerce intra-africain, révélant un potentiel considérable. Elle met aussi en lumière les défis à relever en matière de coordination, de communication et de flexibilité organisationnelle, afin de rendre l’événement toujours plus efficace et attractif.
Les exposants sont venus avec des objectifs clairs : conquérir de nouveaux marchés, nouer des partenariats et valoriser la richesse des savoir-faire africains. Même si certains ont rencontré des obstacles, l’édition 2025 a posé des jalons importants pour l’avenir.
Pour que l’Afrique parvienne à transformer pleinement son marché intérieur et à bâtir une économie intégrée, il faudra capitaliser sur ces succès tout en corrigeant les insuffisances observées. L’IATF demeure une grande fête africaine qui, grâce à la rigueur et au dialogue, continuera de faire rayonner le continent.





