L’IATF 2025 s’annonce comme une étape décisive pour l’industrie automobile en Algérie. Plus qu’un simple salon commercial, cet événement met en lumière les ambitions du pays pour renforcer sa souveraineté industrielle et répondre aux besoins croissants en mobilité avec des véhicules produits localement.
Deux marques emblématiques se détachent, Fiat, avec le lancement historique de la Grande Panda à Oran, et Hyundai, en phase avancée de projet industriel sur le territoire algérien. Ces initiatives incarnent un tournant majeur pour la valorisation du tissu industriel local.
Fiat lance la Grande Panda en Algérie : « un coup d’accélérateur historique »
Lors d’une cérémonie marquante tenue au Jardin d’Essai du Hamma à Alger, Fiat a officialisé le lancement prochain de la production de la Grande Panda dans son usine de Tafraoui, près d’Oran. Premier véhicule assemblé en mode CKD (Completely Knocked-Down) dans l’histoire de l’Algérie, cette initiative symbolise un pas colossal vers la souveraineté industrielle nationale.
Olivier François, CEO de Fiat et Chief Marketing Officer de Stellantis, insiste sur la portée symbolique de ce projet : « La Grande Panda incarne ma vision de Fiat : frugale, fun et familiale. Elle sera produite en Algérie pour les Algériens, dans un pays stratégique où nous dominons l’industrie automobile ». Cette voiture compacte, pensée pour répondre à la mobilité des familles algériennes, alliera confort, fiabilité et économie, avec une motorisation hybride légère et une version thermique.
Avec un taux d’intégration locale initial de 20%, Stellantis s’engage activement à porter ce chiffre à plus de 30% d’ici 2026, soit un rythme bien supérieur au calendrier réglementaire. Samir Cherfan, Chief Operating Officer de Stellantis Moyen-Orient & Afrique, souligne : « Nous ne lançons pas seulement un véhicule, mais un écosystème industriel durable, créateur de valeur pour la société algérienne ».
Ce lancement ouvre une nouvelle ère pour l’industrie automobile algérienne, marquée par un transfert de savoir-faire et un fort potentiel de création d’emplois liés à la chaîne d’assemblage et à la sous-traitance locale.
Hyundai en Algérie : un projet industriel prometteur
De son côté, Hyundai prépare également sa montée en puissance en Algérie, avec un projet industriel soutenu par le ministère de l’Industrie. Le responsable régional de Hyundai pour le Proche-Orient et l’Afrique du Nord, Tarek Mosaab, a confirmé que la marque envisage la création d’une usine conforme aux normes internationales, intégrant une ligne de construction de carrosseries et une ligne de peinture automobile.
L’usine produira trois modèles de voitures touristiques et deux types de véhicules utilitaires, ainsi que des véhicules électriques, soulignant la volonté d’inscrire l’Algérie dans la mobilité durable. La production est attendue dès 2026, ce qui fait de Hyundai un acteur clé pour la diversification industrielle nationale.
La confiance affichée dans les institutions algériennes reste forte, même si le choix définitif du site d’implantation reste à finaliser. Ce projet illustre la politique gouvernementale ambitieuse visant à bâtir une véritable industrie automobile avec un taux d’intégration significatif.
Consommation locale, importations et expériences passées : un équilibre délicat
Au-delà de ces projets industriels, la question de l’acceptation par les Algériens de ces véhicules locaux reste essentielle. Entre le désir d’accéder à des modèles modernes et la méfiance historique envers la production locale, le consommateur algérien est à un carrefour.
L’expérience récente de Renault à Oran, qui avait rencontré des difficultés liées aux exigences réglementaires et au marché, ainsi que celle de Volkswagen, qui a suspendu son projet faute d’environnement favorable, sont des rappels à ne pas négliger. Ces cas montrent que produire localement ne suffit pas : il faut aussi une stratégie globale d’industrialisation, de qualité, et de communication pour convaincre les consommateurs.
Les Algériens restent en effet attachés à la variété et à la qualité offerte par les véhicules importés. Certains craignent que la montée en puissance des véhicules produits localement devienne une consommation forcée, limitant les choix et les possibilités d’achat. Ce débat est crucial pour la réussite à long terme des projets Fiat et Hyundai, qui nécessitent d’allier compétitivité des prix, innovation et crédibilité industrielle.