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« Il faut permettre au capital risque de financer des initiatives algériennes en matière d’entrepreneuriat » (Coach Hack Algeria)

Par Kheireddine Batache 7 juillet 2020

Après le lancement en grande pompe de son « Hack Algerie », une compétition dédiée à la promotion des idées innovantes des jeunes porteurs de projets algériens à l’échelle nationale, le FCE a pu sélectionner 170 initiatives parmi les 350 propositions faites par les 1500 participants à ce concours. Maghreb Émergent a donné la parole à Adlene Menai, l’un des coachs désignés pour accompagner les compétiteurs et fondateur de Emotion Studio, pour expliquer comment ce genre d’initiatives pourrait encourager les jeunes algériens à se lancer dans l’aventure entrepreneuriale.

Maghreb Émergent : Le FCE a publié aujourd’hui la liste des heureux lauréats au concours « Hack Algeria ». De quoi s’agit-il plus exactement ?

Coach Adlene Menai : Le concours Hack Algeria est une initiative destinée à promouvoir l’ensemble des idées innovantes pouvant résoudre une problématique quelle conque, en lien avec la pandémie Covid-19. C’est en effet cet esprit de prise d’initiative par de jeunes porteurs de projets dont la moyenne d’âge n’a pas dépassé les 25 ans, que les organisateurs ont voulu mettre en avant à travers cette compétition. Le postulat de départ est le développement de « l’Economie » post-Covid sur cinq aspects majeurs : la Fintech, l’économie, la santé, la société et la gouvernance.

Le but étant d’accompagner les lauréats dans le lancement de leurs startups via la mise en place d’un financement pouvant atteindre les 10 millions de dinars, entre autres. Il est également question de favoriser le développement d’un écosystème de startups, conformément à la volonté politique annoncée par le gouvernement. Un événement fédérateur de potentialités et révélateur de talents, qui a touché 38 wilayas à travers le pays.

En tant que coach, en quoi a consisté votre tâche ?

Nous étions en tout 53 coachs et mentors à nous occuper de l’aiguillage et l’orientation de ces futurs « startuppeurs » dans le développement de leurs projets. Pour ma part, ma mission a consisté en un accompagnement des participants sur le plan technique. Il faut savoir que tout se passe à distance, via des outils innovants, à l’image de la plateforme collaborative Slack, permettant une communication adaptée au contexte actuel.

En tant qu’infographiste, je suis intervenu au niveau de l’évaluation des pitchs (fiches) de présentation, notamment tout ce qui touche de près ou de loin au graphisme. J’ai pu, entre autres, proposer certaines améliorations ou modifications, sans toutefois intervenir de manière directe dans le travail des participants.

Quels sont les critères qui vous sembles primordiaux pour pouvoir prétendre à la victoire finale ?

D’abord, il y a la pertinence de l’idée de départ et sa compatibilité avec le concept de startup, dont le travail consiste à apporter des solutions innovantes à une problématique donnée.

Ensuite, vient le critère « modèle économique », car il s’agit avant tout d’inscrire ces initiatives dans une démarche business. Vous pouvez avoir la meilleure idée du monde, mais si vous n’êtes pas prêt à la convertir en produit ou service ayant une valeur ajoutée lui permettant de s’extirper de la concurrence, vous ne pouvez pas en faire une startup.

D’autre part, le potentiel intrinsèque des projets proposés revêt également une importance capitale dans le choix final.

D’après vous, devrait-on généraliser ce genre de pratiques à tous les secteurs de l’économie nationale ?

Cela est indéniable ! Toutes les initiatives allant dans le sens de la relance économique sont les bienvenues, notamment sur le court terme. Investir dans l’innovation et la recherche et développement (R&D) fait partie d’une démarche globale, adoptée par toutes les grandes puissances économiques de ce monde.

Ceci d’autant plus que nous avons désormais des impératifs d’ordres écologique et environnemental à respecter, en particulier en matière d’industrie et d’énergie. Nous accusons un certain retard en la matière.

Par ailleurs, j’appelle à décliner ce modèle au niveau régional, afin de ne pas négliger les enjeux et spécifiés locaux et à la création d’un label technologique. L’économie nationale ne pourra qu’en bénéficier et j’en veux pour preuve les secteurs des services et du numérique, qui affichent un gros potentiel de développement.

Que manque-t-il aux jeunes entrepreneurs algériens dont vous faites partie afin d’assurer pleinement la réussite de leurs projets, notamment en matière de numérique ?

J’estime, avant tout, qu’ils ont besoin d’un capital confiance, nécessaire à balayer la peur de l’échec. C’est cet aspect négatif de notre système de société qui en a découragé plus d’un sur le long et laborieux chemin entrepreneurial. Je crois qu’à ce titre, une dose de libéralisme ne nous ferait pas de mal pour promouvoir l’esprit de l’entreprise.

En outre, un saut qualitatif doit impérativement être réalisé sur l’aspect de la formation, de préférence à l’université, à qui cette tâche incombe selon moi. Ce rouage essentiel de la mécanique doit pouvoir jouer son rôle de courroie de transmission, en proposant des contenus académiques adaptés aux enjeux du moment, susceptibles de conforter cet élan entrepreneurial que nous voulons insuffler dans le pays.

Les universités algériennes doivent absolument prendre cette question à bras le corps via une remise en question des cursus et des spécialités qu’elles proposent aux étudiants, en les adaptant aux besoins économiques et aux enjeux sociétaux actuels. Cela me paraît être une évidence.

Enfin, et c’est à mon avis le plus important, se pose la problématique des capitaux et bailleurs de fonds, jumelée à la lutte contre la bureaucratie, via le passage sans plus attendre, à la digitalisation de l’administration.

S’agissant du financement, je propose, à titre personnel, d’introduire le capital risque comme mécanisme principale d’accompagnement des startups. C’est selon moi le meilleur moyen d’accélérer le développement de ces entités, au cycle de vie très dépendant de « cash flow » lors de la phase de lancement.

Ce système a fait ses preuves dans de nombreux pays connus pour leur fort potentiel entrepreneurial, comme le Liban ou les USA.

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