Le rêve européen s’éloigne-t-il pour les jeunes Algériens ? Les derniers chiffres de Frontex, l’agence européenne de garde-frontières, dressent un tableau saisissant : les arrivées irrégulières dans l’Union européenne ont chuté de 38% en 2024.
Ce recul historique s’observe particulièrement sur les routes traditionnellement empruntées par les ressortissants nord-africains. En Méditerranée centrale, la baisse atteint 59%, tandis que dans les Balkans occidentaux, elle grimpe jusqu’à 78%. Des chiffres qui traduisent une transformation profonde du paysage migratoire entre l’Algérie et l’Europe.
Cette évolution n’est pas le fruit du hasard. D’un côté, l’Europe renforce ses frontières, multipliant les obstacles administratifs et physiques. De l’autre, l’Algérie elle-même intensifie la surveillance de ses 1 200 kilomètres de côtes. Les accords conclus avec l’Espagne et l’Italie ont considérablement durci les conditions de traversée de la Méditerranée, pendant que la politique restrictive des visas pour les Maghrébins ferme la voie légale.
Face à ce verrouillage progressif des routes traditionnelles, les candidats à l’exil innovent. Si la route occidentale vers l’Espagne conserve une certaine attractivité, un nouveau phénomène retient l’attention. Les passages par la Biélorussie et la Russie connaissent une hausse vertigineuse de 192%.
Cette reconfiguration des routes migratoires n’a toutefois pas modifié la position particulière des Algériens dans le paysage de l’asile européen.
En Allemagne, premier pays d’accueil des demandeurs d’asile en Europe malgré une baisse de 8% des demandes, ils restent peu nombreux comparés aux réfugiés syriens, afghans ou vénézuéliens. Une réalité qui souligne la nature principalement économique de l’immigration algérienne vers l’Europe, désormais confrontée à des obstacles de plus en plus difficiles à surmonter.