Deux importateurs de bananes ont été placés sous mandat de dépôt à Annaba dans le cadre d’une enquête sur l’importation illégale de ce fruit. Cette affaire intervient alors que le président Abdelmadjid Tebboune a décidé d’assurer personnellement le suivi de la création de deux nouvelles instances nationales dédiées à l’import-export.
L’enquête du procureur de la République du Pôle pénal national économique et financier a révélé « un réseau criminel basé sur la création de sociétés écrans, l’utilisation de registres de commerce fictifs, la falsification de documents de commerce et la contrefaçon de sceaux de l’État, dans le but d’obtenir des privilèges injustifiés et l’évasion fiscale, ce qui a causé d’énormes pertes au trésor public ».
Selon l’accusation, les deux suspects sont poursuivis pour « constitution d’une bande criminelle en vue de commettre des délits de spéculation illégale, de fraude fiscale, de blanchiment d’argent et de produits du crime par l’exploitation des facilités offertes par une activité professionnelle au sein d’un groupe criminel organisé, de faux et usage de faux dans des documents commerciaux et d’imitation des sceaux de l’État ».
Cette affaire survient après que les prix de la banane ont dépassé les 800 dinars le kilogramme, obligeant le gouvernement à plafonner le prix à 450 dinars fin avril.
53 importateurs déjà sanctionnés en mars
En mars dernier, le ministère du Commerce extérieur avait pris des mesures légales contre 53 importateurs de bananes « ayant clairement et explicitement manqué à leurs engagements envers l’État en matière d’importation de ce produit ». Selon le communiqué officiel, « ce comportement a entraîné des perturbations dans l’approvisionnement du marché national et a impacté directement le pouvoir d’achat des citoyens ainsi que la stabilité et l’équilibre du marché national ».
Face à ces manquements répétés, les 53 opérateurs se sont vu interdire « de manière immédiate et définitive d’exercer toute activité d’importation à l’avenir ». Les méthodes utilisées comprennent la création de sociétés écrans, la falsification de documents officiels et l’évasion fiscale organisée. Le système actuel présente des failles en matière de traçabilité et de coordination entre les différents organes de contrôle.
Plus précisément, les pratiques frauduleuses documentées incluent l’utilisation de registres de commerce fictifs, la contrefaçon de sceaux officiels et la création de réseaux de sociétés fantômes pour contourner les règles d’importation.
Tebboune prend personnellement en charge le dossier
Lors du Conseil des ministres de dimanche, le président Tebboune a ordonné « d’enrichir les textes juridiques relatifs à la création de deux instances nationales chargées de l’importation et de l’exportation, avec report de la présentation du projet pour plus de précision ». Ces textes « doivent être valables pour les décennies à venir et adaptés aux mécanismes internationaux ».
Le communiqué précise que le président « assurera personnellement le suivi et l’accompagnement de la création de ces deux instances lors d’une prochaine réunion ministérielle restreinte, afin d’opérer la rupture avec toutes les dérives qui ont entaché des organismes qui étaient directement responsables des opérations d’importation par le passé ».
Concrètement, le projet vise à définir « des spécifications précises pour les importateurs et les exportateurs, en tenant compte de la spécificité et du volume de la production nationale, et l’établissement de normes exclusivement algériennes dans ce domaine ». Ces nouvelles structures remplaceront les anciennes, notamment l’ex-Algex.