Industrie agroalimentaire : jusqu'à 40% des récoltes perdues faute d'infrastructures | Maghreb Émergent

M A G H R E B

E M E R G E N T

Actualités

Industrie agroalimentaire : jusqu’à 40% des récoltes perdues faute d’infrastructures

Par Maghreb Émergent
29 décembre 2024

Alors que l’industrie agroalimentaire pourrait transformer jusqu’à 80% de la production agricole, seuls 10 à 15% des produits sont actuellement valorisés, entraînant des pertes post-récoltes pouvant atteindre 30 à 40% de la production.

Ce constat alarmant prend toute son ampleur au regard de l’immensité du territoire algérien. Sur un territoire de 2 381 741 km², l’Algérie n’exploite que 8,5 millions d’hectares de surface agricole utile, soit 3,5% de son territoire. En comparaison, les performances européennes de 2023 sont nettement supérieures. La France, leader du secteur, génère 198 milliards d’euros de revenus dans l’agroalimentaire. L’Allemagne suit de près avec 185 milliards d’euros et plus de 600 000 emplois, tandis que l’Espagne, quatrième puissance européenne, produit pour 162 milliards d’euros et exporte pour 47,6 milliards d’euros de produits transformés.

Un secteur stratégique en quête d’efficience

Le secteur agroalimentaire, qui englobe tant la production agricole que sa transformation industrielle, occupe une place prépondérante dans l’économie nationale. Deuxième secteur après les hydrocarbures, il emploie 700 000 personnes (10% de la population active). Bien que ce chiffre soit supérieur aux 450 000 emplois du secteur français, la productivité et l’efficience restent nettement inférieures, comme en témoigne l’écart important des revenus générés en 2023. 198 milliards d’euros pour la France contre une production beaucoup plus modeste pour l’Algérie.

Selon les prévisions qui seront présentées au prochain Salon Djazagro (7-15 avril 2025), l’industrie de transformation agroalimentaire contribue à plus de 50% du PIB hors hydrocarbures. Cependant, la production agricole brute ne représente que 13% du PIB total, reflétant la sous-exploitation du potentiel de transformation. Le taux d’intégration des entreprises ne dépasse pas 15%, avec 85% des matières premières et équipements importés.

Des pertes massives faute d’infrastructures

Au cœur de ces difficultés se trouve la question des infrastructures. Les capacités de stockage limitées à 3,4 millions de tonnes illustrent les carences infrastructurelles. Le programme de construction de 350 centres de proximité vise 9 millions de tonnes, mais les pertes post-récoltes persistent entre 30 et 40%. Cette situation creuse le déficit commercial qui atteint 8,9 milliards de dollars, résultat d’un déséquilibre entre 0,5 milliard d’exportations et 9,4 milliards d’importations.

Ces obstacles structurels se manifestent à plusieurs niveaux. La sous-mécanisation des exploitations, l’insuffisance des infrastructures et des pratiques culturales inadaptées freinent le développement du secteur. Le faible niveau d’investissement perpétue ces difficultés, bien que 57% des acteurs utilisent des systèmes d’information intégrés.

Néanmoins, des signes encourageants émergent. L’ancrage territorial reste solide (84% des entreprises implantées localement) et 68% des acteurs s’intéressent à l’exportation. Des initiatives innovantes émergent pour dynamiser le secteur : le programme Innov-Agro vise à moderniser les pratiques agricoles par l’innovation technologique, tandis que le Challenge AgriTech 2024 est un concours national encourageant les startups à développer des solutions pour l’agriculture. En parallèle, de nouveaux investissements dans les régions du Sud visent à étendre les surfaces cultivables et à créer des pôles agroalimentaires modernes.

Un impératif de modernisation face à la concurrence européenne

Face à ces multiples défis, la réduction de l’écart entre le potentiel de transformation (80%) et la réalité actuelle (10-15%) exige une modernisation accélérée. Face aux performances des industries européennes, le développement des infrastructures, la modernisation des équipements et l’optimisation des pratiques apparaissent comme des priorités pour réduire les pertes et valoriser la production nationale.
L.N

ARTICLES SIMILAIRES

Actualités Entreprise

Freelancers algériens : la loi s’ouvre, les banques compliquent et le « square » guette

Depuis l’adoption en 2022 d’un cadre légal inédit pour encadrer l’auto-entrepreneuriat, les freelancers algériens espéraient un tournant. Mais sur le terrain, la réalité est bien plus complexe : entre environnement… Lire Plus

Actualités Algérie

IATF 2025 : Vers une solution concrète pour l’industrie automobile algérienne

La première journée de la 4ᵉ édition de l’IATF, la foire du marché interne africain inaugurée jeudi dernier à Alger, a été jalonnée par de nombreux discours de chefs d’État,… Lire Plus

Á la une Actualités

IATF 2025 : Afreximbank investit 1 milliard $ pour créer la Société africaine de commerce et d’industrie

La Banque africaine d’import-export (Afreximbank) a officialisé à Alger la création de la Société africaine de commerce et d’industrie (SATCI), dotée d’un capital initial de 1 milliard de dollars. L’annonce… Lire Plus

Actualités

CdM 2026 : La Guinée a préféré Casablanca à Abidjan pour recevoir l’Algérie

À trois jours du duel Guinée–Algérie pour la 8ᵉ journée des éliminatoires du Mondial 2026, une grande partie du public algérien ignore encore que la rencontre ne se jouera pas à… Lire Plus

Actualités Algérie

Visa bloqué en France, porte entrouverte en Italie : l’espoir des algériens en 2025

La crise diplomatique entre Alger et Paris s’invite désormais dans le quotidien de milliers d’Algériens. Depuis des semaines, les guichets numériques de Capago, prestataire officiel des visas français, affichent complets…. Lire Plus