Depuis des décennies, l’industrie textile oscille entre déclin et renaissance. Aujourd’hui, le projet Tayal incarne la dernière tentative de réindustrialisation, un projet qui fait écho à un passé industriel jadis glorieux.
Dans les années 60 et 70, l’Algérie était considérée comme l’un des territoires les mieux industrialisés du Sud, avec un secteur textile qui représentait un véritable fleuron économique national. En 1975, la création de la Sonitex par la fusion de deux entreprises publiques symbolisait cette puissance industrielle. À la fin des années 70, l’entreprise approvisionnait près de 3 400 industriels et artisans, illustrant la profondeur et la robustesse du tissu productif algérien.
Mais ce modèle économique allait rapidement se fragiliser. Le contre-choc pétrolier de 1986 a porté un coup décisif à l’ensemble de l’économie nationale. Entre 1982 et 1998, l’industrie textile a traversé une période de restructuration difficile. Le résultat fut dramatique : en moins de dix ans, la production de confection-bonneterie a été divisée par 2,5, et le nombre d’emplois a chuté de 100 000 à des niveaux critiques.
Tayal : 714 millions d’espoirs pour une industrie en mutation
Aujourd’hui, le complexe Tayal, fruit d’un partenariat entre la société turque Intertay et des entreprises publiques algériennes, représente un investissement de 714 millions de dollars. Implanté dans la zone industrielle de Sidi Khettab à Relizane, il est entré en production en mars 2018 avec des ambitions clairement affichées.
Les perspectives sont significatives puisqu’elles comprennent une capacité de production annuelle de 30 millions de mètres de fils, 12 000 tonnes de filature et 30 millions d’unités de vêtements. L’objectif est ambitieux, car il vise à exporter 70% de cette production et à reconquérir le marché national, où l’Algérie importe actuellement plus de 80% de ses besoins en produits textiles.
Le plan de développement prévoit une expansion progressive. En 2025, huit nouvelles usines intégrées sont programmées, et en 2026, dix usines supplémentaires viendront compléter le dispositif. Ces développements pourraient créer un total de 25 000 emplois, offrant une perspective de réindustrialisation.
Malgré ces perspectives prometteuses, l’industrie textile algérienne doit encore franchir plusieurs obstacles. La production locale ne couvre que 30 à 40% des besoins des professionnels, tandis que le secteur informel contrôle plus de 80% du marché vestimentaire. La modernisation technologique et la formation représentent des enjeux déterminants pour la transformation du secteur.
En 2022, les premières exportations de textiles ont généré plus de 31 millions de dollars, un signal encourageant mais encore modeste. L’Algérie ambitionne de devenir un hub régional du textile, mais le chemin reste long et semé d’incertitudes.