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Instauration de visas pour les diplomates : l’Algérie répond fermement à la France

Par L. A
19 mai 2025
visa

L’Algérie a réagi, ce lundi 19 mai 2025, à l’annulation de l’exemption de visa, pour les Algériens détenteurs de passeports diplomatiques, annoncée par la France samedi 17 mai.

Dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères, le Gouvernement algérien a indiqué qu’il « suit avec un grand étonnement les développements intervenus récemment dans la communication française au sujet de la problématique des visas d’une manière générale et de celle de l’exemption des passeports diplomatiques et de service de cette procédure d’une manière particulière ».

Selon le gouvernement Algérien, « la communication française à ce sujet semble relever désormais d’une pratique curieuse et douteuse consistant à organiser grossièrement des fuites à des médias savamment sélectionnés par les services du ministère français de l’Intérieur et de la Direction générale de la police française ».

Aucune notification des autorités françaises

Samedi 17 mai, un message de l’état-major français de la DGPN (état-major de la direction générale de la police nationale), cité par la presse française, a ordonné, l’annulation de l’exemption de visa dont bénéficiaient les Algériens titulaires de passeports diplomatiques. Ces derniers devront désormais obligatoirement obtenir un visa pour entrer en France.

Selon des médias français, cette mesure est « immédiate » et concerne « tous les services gérant les frontières extérieures ». L’état-major de la DGPN demande également aux services concernés de veiller « à la stricte application de cette nouvelle mesure » et «de rendre compte de toute difficulté rencontrée ».

Concernant cette mesure, le ministère algérien des Affaires étrangères, affirme, dans son communiqué, qu’il n’a pas été notifié officiellement par la partie française. Et que le Chargé d’affaires de l’Ambassade de France à Alger, a affirmé ne disposer d’aucune instruction du ministère français des Affaires étrangères.

« C’est désormais par ce canal inhabituel que sont annoncées les décisions françaises dans un irrespect total pour les usages diplomatiques consacrés et dans une violation, toute aussi totale, des dispositions de l’Accord algéro-français de 2013 organisant l’exemption de visas au profit des détenteurs de passeports diplomatiques et de service. Et de fait, jusqu’à ce jour, et en contravention flagrante notamment avec les dispositions de l’article 8 de cet Accord, l’Algérie n’a été rendue destinataire d’aucune notification officielle française par le seul et unique canal qui vaille dans les relations entre Etats, en l’occurrence le canal diplomatique » note le ministère.

Selon le même communiqué, « le Chargé d’affaires de l’Ambassade de France à Alger, qui a fait l’objet de quatre convocations au ministère des Affaires étrangères à ce sujet, a systématiquement affirmé ne disposer d’aucune instruction du ministère français des Affaires étrangères. De la même manière, et à ce jour, il n’a pas été en mesure de répondre aux demandes algériennes formelles de clarification sur ce même sujet ».

En outre, le gouvernement algérien rappelle qu’il n’a jamais été à l’initiative d’une exemption de visa pour les détenteurs de passeports diplomatiques et de service. D’après lui, c’est la France qui a proposé cette exemption, en 1986, mais l’Algérie a systématiquement refusé, et ce, à plusieurs reprises dans les années 1990. Ce n’est qu’en 2007 que l’Algérie a accepté un accord bilatéral à ce sujet. En 2013, un nouvel accord, toujours à l’initiative de la France, a élargi cette exemption aux passeports de service et remplacé l’accord de 2007. « Aujourd’hui, comme hier, l’Algérie n’a aucun intérêt particulier, ni aucun attachement significatif, à l’égard de cet Accord. Elle prend dûment acte de ce qui s’apparente à une suspension de fait de l’Accord de 2013 sans le respect par la France des procédures requises » indique le communiqué.

Alger accuse Paris

L’Algérie a également tenu à rappeler « de manière solennelle que c’est la partie française qui porte la responsabilité, pleine et entière, des premières violations de l’Accord de 2013 portant exemption de visas au profit des détenteurs de passeports diplomatiques et de service » et qu’elle « en tire toutes les conséquences et y répondra par une application stricte de la réciprocité à la juste mesure du manquement de la partie française à ses obligations et engagements », conclut le communiqué.

Le 11 mai, le ministère algérien des Affaires étrangères a convoqué le chargé d’affaires de l’ambassade de France à Alger pour protester contre la présence de plusieurs agents français récemment affectés en Algérie sans l’accord préalable des autorités. Alger a exigé leur départ immédiat, dénonçant une violation des usages diplomatiques et des conventions internationales.

Selon l’APS, au moins quinze fonctionnaires français ont été nommés sans notification ni demande d’agrément, dont deux agents du ministère français de l’Intérieur soupçonnés de remplacer des diplomates précédemment expulsés. Les autorités algériennes critiquent aussi l’utilisation initiale de passeports de mission, perçue comme une tentative de contourner les procédures officielles.

De leur côté, les médias français ont révélé que la mesure d’exemption de visa pour les Algériens détenteurs de passeports diplomatiques intervient dans le cadre de l’application de « la riposte graduée » annoncée par le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, avec « la suspension des accords de 2007 pour l’exemption de visa aux détenteurs de passeports diplomatiques ».

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