Depuis un an, les échanges économiques entre Alger et Moscou se sont traduits par un portefeuille d’une quarantaine de projets en discussion, couvrant l’industrie, l’agroalimentaire, l’énergie et les technologies. La visite à Alger, mercredi, du président de l’organisation patronale Business Russia, Aleksey Repik, reçue par Abdelmadjid Tebboune, marque la poursuite d’un dialogue économique engagé après la visite de ce dernier à Moscou en 2023.
Les entreprises russes cherchent à s’ancrer dans les chaînes de production locales, au-delà du commerce classique. Plusieurs groupes ont manifesté leur intérêt pour le secteur pharmaceutique, où des projets de coproduction de médicaments et de dispositifs médicaux sont à l’étude. Dans l’agro-industrie, la société EkoNiva et d’autres acteurs explorent des partenariats autour de la production laitière et de la mécanisation agricole, notamment dans le Sud algérien, où les disponibilités foncières et hydriques ouvrent des perspectives d’investissement.
L’industrie mécanique figure aussi parmi les priorités. Le constructeur Rostselmach discute d’un projet de montage de moissonneuses-batteuses, tandis que d’autres opérateurs prospectent dans la transformation des métaux, la chimie et les équipements destinés au secteur pétrolier. À ces créneaux s’ajoute un intérêt croissant pour les énergies renouvelables -gestion des déchets, valorisation de l’eau, production électrique -et pour le numérique, notamment le commerce électronique et les services technologiques.
Les discussions menées avec les ministères algériens de l’Industrie et de l’Agriculture, ainsi qu’avec l’Agence algérienne de promotion de l’investissement (AAPI), visent à sécuriser ces engagements. Les entreprises russes saluent les réformes introduites par la loi sur l’investissement et la simplification des procédures, tout en restant attentives à la lenteur administrative et à la stabilité réglementaire.
Des investissements qui passent au concret
Plusieurs projets russes ont désormais atteint un stade de concrétisation en Algérie, traduisant un passage des intentions à des investissements réels et à des partenariats industriels structurés.
Dans le secteur mécanique, Rostselmach a lancé l’assemblage local de moissonneuses-batteuses avec l’appui du ministère de l’Industrie. L’usine, en cours d’installation, vise à alimenter le marché national et à exporter vers les pays voisins. Le fabricant de poids lourds KamAZ prépare, de son côté, la mise en place d’un site de production de camions et de pièces détachées, en partenariat avec les autorités industrielles algériennes.
D’autres projets concernent la sidérurgie et la chimie industrielle, où des accords-cadres ont été signés entre des entreprises russes et les groupes publics Sider et Algeria Chemical Specialities. Ils portent sur la production locale d’alliages et de composants utilisés dans l’industrie lourde et pétrochimique.
Dans l’agriculture, le groupe EkoNiva a engagé un projet pilote de production laitière dans le Sud, combinant modernisation des fermes et transfert de savoir-faire en matière d’élevage et d’irrigation. En parallèle, plusieurs entreprises russes ont installé des plateformes de démonstration de matériel agricole dans les Hauts-Plateaux, servant aussi de centres de formation technique.
Le secteur énergétique n’est pas en reste. Des sociétés russes participent à des appels d’offres pour la fourniture d’équipements de forage et de pipelines, tandis que des coopérations émergent dans les énergies renouvelables, notamment la conception de centrales solaires hybrides dans les zones isolées.
Enfin, la coopération commerciale et universitaire complète ce dispositif. Des exportations tests de produits agroalimentaires algériens-dattes, huile d’olive, agrumes-ont été réalisées vers la Russie, dans le cadre d’un programme de corridors logistiques. Parallèlement, des universités techniques russes et algériennes développent des formations conjointes dans les filières mécaniques et énergétiques, destinées à alimenter les nouveaux sites industriels conjoints.





