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«J’aurais dû refuser d’aider SAIPEM» (Farid Bejaoui)

Par Amar Ingrachen
23 septembre 2018
Farid Bedjaoui

Accusé de corruption  dans le cadre de sept marchés adjudiqués par la Sonatrach à Saipem et faisant l’objet d’une requête de 8 ans de prison ferme par le procureur de Milan, Farid Bejaoui vient d’être condamné, le 20 du mois en cours,  à 5 ans et 5 mois de prison ferme par le tribunal de Milan.

Pourtant, devant la Justice italienne qui l’a auditionné le 02 février dernier, il a plaidé innocent dans une longue lettre qu’il a envoyée aux juges italiens. En effet, selon lui, tout l’argent qu’il a reçu de la part du Groupe Eni, via sa filiale Saipem, lui revient de droit et représente la rémunération d’un service rendu dans un cadre contractuel dûment conclu entre les deux parties.

« J’étais rémunéré pour les contrats attribués »

Saipem, filiale du Groupe italien ENI, a obtenu de 2005 à 2010 sept contrats attribués à travers des offres d’appel, pour un chiffre d’affaire de 8 milliards d’euro sur un total égal à approximativement 40 milliards pour des projets attribués dans ce secteur durant la période en question. Farid Bejaoui reconnait avoir travaillé comme intermédiaire pour Saipem  « dans le cadre de plus d’une vingtaine de participations » et qu’il n’a été rémunéré que « pour les sept participations effectivement attribuées ». De plus, insiste-t-il, les sept contrats qui ont été attribués l’ont tous été « parce que les offres de Saipem, ouvertes en direct devant les caméras de la télévision, étaient les plus basses » tout en assurant qu’il n’y a jamais eu aucune irrégularité d’un quelconque type dans les procédures d’adjudication, ou aucune intervention illégitime ou illégale de la part de quiconque ». Quant à son implication en tant qu’intermédiaire dans ces transaction, Farid Béjaoui indique que « le rôle des agents dans l’adjudication des contrats internationaux est connu, fréquent et licite, et leur fonction, de nature confidentielle, n’est d’elle-même pas suspecte. »

« Mon rôle a été déterminant »

Toutefois, tout en se disant « innocent », Farid Bejaoui reconnait dans sa lettre  que « le recours à ce type de ‘ fonction’ est déterminant et permet à la société étrangère de comprendre les particularités culturelles, politiques, administratives, techniques et économiques du pays […] pour lui permettre de présenter des offres techniques et commerciales adéquates aux nécessités du pays. » Autrement dit, il reconnait que sans son « rôle », Saipem n’aurait pas gagné les sept marchés qu’elle a eus.  Ainsi, Farid Béjaoui estime que l’argent qui lui a été donné, une somme colossale pourtant, est son « dû » le plus légal. « La rémunération de 197 millions d’euros, au cours des cinq années d’assistance à Saipem, est due seulement en cas de succès et le montant se justifie pour avoir été fixé à un pourcentage entre 2,5% e 3%, conformément aux pratiques du secteur. Je précise que 40% de cette rémunération est liée au seul projet LNG GL3Z, » affirme –t-il en soulignant que « cette somme n’a été distribuée à personne et au moment de son versement,  excepté certaines dépenses et investissements personnels, celle-ci fait encore partie de son patrimoine, sous forme de fiducie irrévocable, à son nom et à celui de sa femme et de ses enfants. Mais pas seulement. Outre qu’il reconnait avoir joué « un rôle déterminant » dans l’adjudication de sept marchés d’une valeur globale de 8 milliards d’euros par la Sontrach à Saipem, Farid Bejaoui dit regretter d’avoir travaillé avec la filiale du groupe italien Eni. « J’aurais peut-être dû, parce que je le connaissais, refuser d’aider SAIPEM, une société à laquelle je n’ai rien demandé et qui est venue me trouver, » regrette-t-il. Pourtant, il n’a pas manqué, tout au long de sa plaidoirie, d’affirmer que son travail pour Saipem  ne cache aucune pratique frauduleuse  et que s’il a pu arracher un contrat avec cette entreprise, c’est grâce à son « expérience avérée » et ses « compétences  dans les affaires ».

 

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