M A G H R E B

E M E R G E N T

Internationale

« Je doute que l’accord sur le nucléaire iranien soit respecté »-Toufik Hamel sur Radio M (audio)

Par Yazid Ferhat
8 avril 2015

Lors de son passage à l’émission l’Entretien de Radio M, la webradio de Maghreb Emergent, Toufik Hamel, chercheur en histoire militaire et études de défense, également membre du comité de lecture de  la revue Géostratégique, exprime son scepticisme quant l’aboutissement et l’applicabilité de l’accord sur le nucléaire iranien.

 

Conclu le 2 avril entre les grandes puissances et l’Iran, l’accord-cadre sur le nucléaire iranien « dépasse largement la question du nucléaire en soi », estime Toufik Hamel. Pour lui, si cet accord sera maintenu, «  nous assisterions à un bouleversement des alliances  dans la région, notamment celles concernant les pays arabes –qui ont peur-  et Israël qui -s’y oppose- ».

Pour ce spécialiste des questions militaires, « les iraniens sont en train de négocier leur place au sein du Moyen Orient, et il se pourrait qu’une place centrale  leur soit réservée ». Dans cette nouvelle configuration qui se dessine,  quelle sera la place de l’Arabie Saoudite et de l’Egypte ? M. Hamel pense que les pays arabes et Israël sont dans le même camp, à tel point  que l’Etat hébreu « se montre  de plus en plus ouvert à la vente des armes américaines pour les pays arabes, à leur tête l’Arabie Saoudite ».

Sur la question du nucléaire en soi, l’invité de Radio M rappelle que les pays en voie de développement qui ont commencé à développer l’énergie nucléaire à partir des années 60, dont l’Algérie, l’ont fait «pour répondre à leur demande énergétique tout d’abord, puis pour aller vers le développement de l’arme nucléaire qui n’est pas en contradiction avec  le traité de non-prolifération ». Et de préciser que «  les Iraniens ont suivi exactement ces mêmes démarches ».  

L’Iran n’a donc pas contrevenu aux conventions internationales

L’Iran n’a donc pas contrevenu aux conventions internationales en la matière. Simplement, son émergence  en tant que  puissance régionale aurait un effet psychologique sur tous les chiites habitants les pays arabes, et  qui sont, pour la plupart d’entre-eux,  marginalisés. « Cela encouragerait  les chiites à s’émanciper », a opiné le spécialiste des questions militaires qui ne croit pas au caractère ethnique ou communautaire de ces conflits tel qu’on les présente. « Ces conflits ne sont, en effet, qu’une guerre pour l’accession aux ressources naturelles de la région », a-t-il déduit.

Relevant la contradiction de la politique américaine- qui tient d’un coté un discours contre la prolifération des armes nucléaires, mais qui, en réalité, a aidé l’ Israël, l’Inde et le Pakistan à développer leurs armes nucléaires-, M .Hamel doute de la volonté des Américains d’aller jusqu’au bout de la signature de cet accord prévu le 30 juin prochain.              

« Je doute que cet accord soit respecté », a-t-il lancé. Et d’expliquer : « Il suffit juste d’observer l’opposition des  Républicains et même de beaucoup de Démocrates du Congrès américain ». A ce facteur intra-Congrès, Toufik Hamel ajoute celui de  « l’implication des autres alliés régionaux des Etats-Unis, comme  Israël, les pays du Golfe notamment ». Car, « l’intervention militaire des Saoudiens et leurs alliés au Yémen n’est que l’une des premières réactions à cette signature du pré- accord nucléaire », a-t-il encore expliqué.

L’Arabie saoudite va chercher à développer l’arme  nucléaire

L’invité de la webradio pense, par ailleurs,  que l’Arabie Saoudite emboitera le pas à l’Iran et cherchera à développer son propre armement nucléaire, tout comme d’autres voisins du Golfe et même l’Egypte. Il cite, dans ce sens, « des échanges très tendus entre des sénateurs américains et des responsables saoudiens, qui menaçaient de  développer leurs capacités nucléaires  militaires au cas où on permettrait à l’Iran de le faire ». M. Hamel rappelle aussi que le  Bahrein et les Emirats ArabesUnis, ont déclaré publiquement qu’ils iront dans le cas échéant, vers le développement leurs capacités nucléaires et militaires. L’Egypte pourrait faire de même.

 Pour lui, le choix d’un pays de développer son armement nucléaire obéit à des facteurs sécuritaires et non pas à sa possession de compétence ou de savoir-faire. « En termes techniques, ce qui distingue le civil du militaire dans le développement du nucléaire au sein d’un pays, c’est une question d’enrichissement. Mais dans le fond, c’est une question politique. Car,  on peut  avoir les capacités et  le savoir-faire sans développer l’arme nucléaire.  C’est le cas, par exemple de l’Allemagne et du Japon », a-t-il expliqué.

Ecouter l’émission :

ARTICLES SIMILAIRES

Actualités Internationale

L’attaque israélienne contre l’Iran fait flamber le pétrole de 8%

Les cours du pétrole ont bondi de près de 8% ce vendredi 13 juin, atteignant leurs plus hauts niveaux depuis cinq mois. Cette flambée fait suite à l’offensive militaire lancée… Lire Plus

Actualités Algérie

La Chine supprime les droits de douane pour 53 pays africains, dont l’Algérie

La Chine supprimera totalement les droits de douane sur les exportations de 53 pays africains. Le président Xi Jinping en a fait l’annonce ce 12 juin 2025 lors d’une réunion… Lire Plus

Actualités Algérie

Le pétrole recule après avoir franchi la barre des 70 dollars

Les cours du pétrole ont entamé un mouvement de repli ce jeudi, effaçant une partie des gains de la veille qui avaient propulsé le baril au-dessus de 70 dollars. Cette… Lire Plus

Actualités Algérie

« Wagner quitte le Mali sous la pression d’Alger »: Entretien avec Akram Kharief

Spécialiste des questions de défense nationale, Akram Kharief nous livre dans cet entretien à Maghreb Emergent son analyse des dernières évolutions au nord du Mali avec le retrait des troupes… Lire Plus

Actualités Banque

Abidjan 2025 : l’Afrique repense son autonomie économique

Depuis hier, les Assemblées annuelles de la Banque africaine de développement (BAD) réunissent à Abidjan les délégations continentales autour d’une question centrale : « Tirer le meilleur parti du capital de… Lire Plus