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Économie

Ali Bey Nasri:‘’Je suis pour la solution grecque dans la renégociation de l’accord d’association avec l’UE’’ (audio)

Par Mohamed Boukhalfa
11 novembre 2015

 

L’accord d’association algéro-européen en matière de commerce extérieur est une  inégalité et une  symétrie phénoménales. L’Europe applique des droits additionnels empêchant l’entrée de produits étrangers sur ses marchés. Face à cela, l’Algérie doit adopter une vision  offensive.

 

 

‘’Nous devrions protéger nos exportations et avoir une vision offensive sur nos exportations’’, a estimé mercredi le président de l’Association Nationale des Exportateurs Algériens (ANEXAL), M. Ali Bey Nasri, à l’émission ‘’l’Invité du Direct’’ de Radio M, la web radio de Maghreb Emergent.

L’accord d’association sur les exportations qu’avait ratifié l’Algérie avec l’Union Européenne en 2007 ‘’est une inégalité et une  symétrie phénoménales’’, car l’Algérie n’a pas profité de cet accord d’association, a estimé le président d’ANEXAL. Ces inégalités et asymétries résident notamment dans l’application de prix de référence et de droits additionnels empêchant l’entrée sur son marché de produits étrangers, dans le but de  protéger ses propres produits.  

Le sucre, le meilleur exemple

Cette inégalité que porte l’accord d’association algéro-européen, s’illustre à travers le cas de l’exportation du sucre, qui, selon Ali Bey Nasri,  a toute sa place dans le marché européen, de part sa proximité et sa compétitivité. Cependant, l’Europe qui a ses lignes de défenses, et une vision protectrice de certains secteurs, en particulier l’agriculture, ‘’frappe de 419 euros la tonne du sucre importé, l’équivalent de 115% de droit de douanes, soit une quasi interdiction d’exporter du sucre vers l’UE », a-t-il relevé.  ‘’Ces mesures ont engendré une perte fiscale de 2,5 à 3 milliards de dollars’’, a-t-il dit. Ali Bey Nasri, réélu au mois d’octobre dernier à la présidence d’ANEXAL, rappelle que l’Algérie paie 30% en plus des prix pratiqués pour le sucre importé des pays de la zone Euro, et ce, en dehors du contingent de 1.5000 tonnes, en exonération des droits de douanes donnés à un moment où il n’y avait pas de raffinage en Algérie.

Adopter une vision offensive avec l’UE

Ali Bey Nasri est en outre contre la renégociation produits par produits de l’accord d’association avec l’UE, car l’Algérie, rappelle-t-il, l’a déjà renégocié en 2010, et l’a même  gelé pendant deux ans, sans que cela n’aboutisse à un quelconque résultat. L’Algérie a par contre élargi les quotas libres des frais de douanes, promouvant ainsi l’importation depuis l’UE. La solution selon lui, doit se négocier entre les politiques. « Je suis pour une solution à la grecque pour cet accord d’association », a-t-il déclaré. Et d’ajouter : «  cette solution sera menée par des politiques  et non pas par des techniciens, étant donné que ce contrat est atypique ».  

L’Article 11 de cet accord prévoit sa révision à condition d’apporter  la contrepartie. Mais pour sa révision, le président d’ANEXAL prône l’adoption d’une vision offensive, notamment sur l’augmentation du taux de couverture global (Import-Export ) : « la Tunisie avait un taux de protection de l’ordre de 85% du temps de Benali, alors qu’il était chez nous de 5%,  en hors hydrocarbures », compare-t-il. Pour pallier cela, l’Algérie doit revenir aux métiers fondamentaux, et revoir des stratégies sectorielles, notamment dans l’agriculture. « Je crois en le secteur agricole. Nous avons plus de 1,5 million d’hectares de surface agricole non exploités. Nous devrions donner la terre à des investisseurs exportateurs », estime M. Ali Bey, insistant sur l’urgence du changement de la vision des investisseurs, qui doivent savoir qu’ils vont  investir pour exporter, et que l’exportateur être en amont et à l’aval de son activité ».   

S’inspirant des expériences étrangères, le président d’ANEXAL n’exclut pas le recours à l’ouverture  au capital étranger, car ‘’nous avons beaucoup  à apprendre de l’expérience internationale, technique et opérationnelle’’. Il appelle enfin à la revalorisation du secteur pétrochimique, à fort potentiel exportable. « L’Algérie a raté l’occasion de devenir un grand fournisseur des produits pétrochimiques. Le développement du secteurs pétrochimique doit passer par la conduite des activités par Sonatrach à 100%, et le rachat de la technologie », a-t-il estimé. 

Ecouter l’émission:

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