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Politiques

A cause des éleveurs « inconscients », l’Algérie affronte la fièvre aphteuse dans de mauvaises conditions

Par Yacine Temlali
4 août 2014
Les mesures prises éviteront-elles le pire au cheptel national ?

L’épidémie a déjà affecté 9 wilayas. Les spécialistes de la santé animale ont déploré l »’inconscience » des éleveurs » qui empêchaient les services vétérinaires de prospecter leur cheptel. Au Maroc, c’est le branle-bas de combat pour éviter une propagation de la maladie qui, à la fin des années 1990 et en 2007, a fait des ravages dans ce pays.

 

Jusqu’à présent, neuf wilayas sur quarante-huit sont touchées, selon Abdelouahab Nouri, qui s’est déplacé dimanche à l’est du pays, région la plus affectée. « Jusqu’à hier (samedi) les foyers de la maladie ont été signalés dans 9 wilayas du pays », a-t-il indiqué, signalant qu’un million de vaches ont été jusque-là vaccinées, alors que la campagne nationale de vaccination se poursuit depuis mai dernier.

Le premier foyer de l’épidémie, qui a d’abord affecté les bovins, a été détecté à Bir El Arch, dans la wilaya de Sétif (Est). Tous les services concernés sont dorénavant mobilisés, et la gendarmerie nationale a reçu l’ordre d’arrêter tout convoyage de bovins, de caprins et d’ovins à travers le territoire national. Le transport du bétail est de fait « strictement interdit », une mesure de prévention suivie par la fermeture des marchés à bestiaux.

Des instructions fermes ont également été données par les services vétérinaires pour que tout animal infecté soit abattu et incinéré. L’Etat, a promis le ministre de l’Agriculture, prendra en charge les pertes des éleveurs à raison de 80% du prix de la vache laitière ou du taurillon malade, et à 100% de leur prix si la bête est abattue.  »Nous sommes prêts à faire une évaluation pour indemniser ceux qui élèvent les taurillons d’engraissement », a souligné Abdelouahab Nouri.

Les autorités, en dépit de toutes ces mesures, demeurent hantées par le danger de propagation de l’épidémie si les éleveurs et les maquignons continuent à faire  »voyager » leur cheptel pour éviter des pertes financières énormes à l’approche de l’aïd El Adha. 

 

Tout est parti de….Tunisie

 

Pour renforcer la vaccination du cheptel, au moins 900.000 doses de vaccin doivent être réceptionnées dès le 9 août prochain, alors que près de 10.000 vétérinaires sont mobilisés pour une campagne nationale de dépistage de la maladie et d’abattage des animaux infectés.

La maladie serait venue des régions frontalières avec la Tunisie. Le risque patent de son apparition avait été évoqué et discuté en avril dernier, lors d’une réunion de travail entre les cadres techniques du ministère de l’Agriculture. Un responsable proche des services vétérinaires avait tiré la sonnette d’alarme lors de cette réunion en signalant des cas dans certaines régions du pays, a indiqué à Maghreb Emergent un cadre du ministère sous le couvert de l’anonymat.

Contacté, le directeur des services vétérinaires au ministère de l’Agriculture, le Dr Ahmed Chawky Karim Boughalem, était injoignable aujourd’hui. Dans une note d’alerte qu’il avait transmise à l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE), le 27 juillet dernier, il avait situé exactement le premier foyer de la maladie à El Ouldja, dans la commune de Bir El Arch (wilaya de Sétif). Il avait expliqué qu’il s’agissait  »d’un élevage de bovins d’engraissement » et précisé que les animaux avaient été introduits frauduleusement à partir de la Tunisie.

 

L’inconscience de certains éleveurs

 

Les spécialistes de la santé animale au ministère de l’Agriculture ont déploré, dans des déclarations anonymes,  »l’inconscience des éleveurs qui empêchaient les services vétérinaires de prospecter leurs cheptels ». Ce refus est principalement motivé par les  »retards enregistrés dans leur indemnisation et les sommes octroyées (80%) du prix de la bête ». Ainsi, les éleveurs ne déclarent-ils pas la maladie et  »empêchent les vétérinaires de faire leur travail parce qu’ils ne veulent pas perdre de l’argent ».

L’Algérie compterait en moyenne un peu plus de 2 millions de bovidés et plus de 20 millions de têtes d’ovins. Aucun chiffre sur l’ampleur des pertes n’a été pour le moment communiqué mais le nombre de bêtes infectées serait élevé.

 

Branle-bas de combat au Maroc

 

Au Maroc, la menace est prise au sérieux. L’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA) a annoncé vendredi dernier  »qu’à ce jour, aucun cas de fièvre aphteuse n’a été détecté sur le territoire national » et que des  »dispositions préventives nécessaires ont été prises » pour protéger le cheptel national.

Plus concrètement, l’ONSSA a renforcé la vigilance, notamment au niveau des zones frontalières et a interdit l’importation d’animaux, de produits animaux et d’origine animale et des aliments pour animaux à partir de l’Algérie.  »Une cellule de veille sanitaire a été également mise en place pour suivre de près la situation sanitaire dans la région du Maghreb et au niveau national », précise l’ONSSA dans un communiqué.

Le Maroc avait été durement touché par cette maladie à plusieurs reprises (1977, 1983, 1991, 1999 et 2007). En 2007, les pertes induites par cette épidémie avaient atteint 30 millions de dollars.

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