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L’Algérie appréhende le repli des terroristes de Daech sur son territoire (ANALYSE)

Par Ahmed Gasmia
19 février 2018
L’Algérie : des frontières terrestres si longues, si difficiles à bien surveiller sans la parfaite coopération des pays voisins.

 

Selon un rapport publié en 2017 par le Commandement central des Etats-Unis (CENTCOM), l’Algérie a réussi à tuer dans l’œuf le groupe affilié à l’EI mais elle est toujours confrontée au danger des résidus d’AQMI.

 

La menace du retour de ceux communément appelés les « combattants étrangers » vers les régions d’Afrique du Nord et du Sahel après les revers de l’Etat islamique (EI) en Syrie et en Irak préoccupe l’Algérie d’autant plus que ses voisins comme la Libye, le Niger et le Mali souffrent déjà d’instabilité politique et sécuritaire. 

Car même si les services de sécurité démantèlent régulièrement des réseaux spécialisés dans le recrutement des jeunes au profit de Daech, le retour sur le continent de quelque 6.000 terroristes africains engagés dans l’EI fait réagir les autorités militaires et sécuritaires algériennes, décidées à parer toute menace visant à faire de la région une base arrière pour ces groupes. 

Une menace qui pourrait s’avérer réelle d’autant plus que des combattants pourraient se joindre aux organisations terroristes déjà en activité dans la région du Sahel, y compris en Libye et dans le nord du Mali. 

Lors de la première réunion du groupe de travail sur le renforcement des capacités du Forum mondial antiterroriste en Afrique de l’Ouest, organisée en octobre 2017 à Alger, le ministre algérien des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, a déclaré que le risque de retour des combattants terroristes étrangers au Sahel semblait être le principal défi auquel la région est confrontée. 

Il a suggéré de renforcer la coopération en matière de sécurité aux frontières et d’améliorer les conditions de vie des populations de la région, particulièrement les jeunes, pour les dissuader de rejoindre les groupes terroristes en échange d’argent. 

Le ministre a également souligné l’importance de l’assèchement des sources de financement des groupes terroristes, y compris le paiement de rançons, ainsi que le trafic de drogue et d’armes, qui fournissent d’énormes sommes d’argent à ces groupes en renforçant leurs capacités de nuisance. 

Dans un entretien à Xinhua, Ali Rebidj, professeur de science politique à l’Université d’Alger, fait observer que tous les indicateurs montrent que la Libye peut constituer un refuge idéal pour accueillir des milliers de combattants étrangers, surtout que leurs pays d’origine comme la France et la Belgique, mais aussi la Tunisie, le Maroc et l’Algérie, refusent de les rapatrier. 

Le chef de la diplomatie algérienne a appelé en octobre dernier au renforcement des mesures de sécurité frontalières pour stopper tout mouvement de combattants étrangers, invitant les pays du Sahel à établir une coopération régionale et internationale afin de développer des approches pour contrer ce fléau et bloquer les tentatives de concentration de ces terroristes dans des zones qui manquent de ressources et de moyens pour les combattre. 

L’Algérie lutte pour sécuriser ses frontières afin d’empêcher l’intrusion de groupes armés et l’établissement de nouvelles cellules terroristes sur son territoire.  Au début du mois, un tribunal de la wilaya de Boumerdès a condamné trois jeunes hommes, arrêtés en 2017 à l’aéroport d’Alger, pour avoir tenté de rejoindre l’EI alors qu’ils étaient porteurs de faux passeports. Deux d’entre eux ont été condamnés à trois ans de prison. 

Les tentatives de jeunes Algériens de rejoindre l’EI en Syrie sont dues à l’affaiblissement du groupe local affilié à l’EI, appelé les Soldats du califat (Jund al-Khalifah), que l’armée algérienne a réussi à éradiquer grâce à l’élimination en décembre 2014 de ses hauts responsables, dont Abdelmalek Gouri qui était derrière l’enlèvement et l’exécution du touriste français Hervé Gourdel en septembre 2014. D’autres chefs terroristes ont été également tués comme Osman al-Assami en mai 2015, Abou Dujana et son assistant en octobre 2016 ou encore Ahmed Houari en mars 2017. 

Selon Lakhdar Saoud, analyste politique et expert militaire, les services de sécurité algériens ont acquis une expérience considérable dans le domaine de la lutte contre le terrorisme au cours des 25 dernières années. 

Il confie à Xinhua que les forces qui œuvrent à l’implantation de l’EI en Algérie prévoient de rassembler les combattants étrangers dans la région du Sahel en général, et en Libye en particulier, avant de former des groupes terroristes composés de combattants étrangers et de nouvelles recrues locales dans le but d’affaiblir l’Etat et de semer le chaos, en exploitant la crise financière que traverse le pays. Pourtant, l’analyste souligne que ces forces étrangères sont conscientes que l’Algérie est au courant de ces projets et que ses services de sécurité travaillent pour contrer cette menace. 

Selon un rapport publié en 2017 par le Commandement central des Etats-Unis (CENTCOM), l’Algérie a réussi à tuer dans l’œuf le groupe affilié à l’EI, mais elle est toujours confrontée au danger des résidus d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) dirigé par Abdelmalek Droukdel, alias Abou Moussa Abdelwadoud.

 

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