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Maghreb

L’Algérie dans le rapport américain 2014 sur le terrorisme : rien ne va avec Rabat, tout va bien avec Tunis

Par Yacine Temlali
21 juin 2015

« Le désaccord politique entre l’Algérie et le Maroc sur le Sahara Occidental reste un obstacle à la coopération dans le contre-terrorisme bilatérale et régional », indique un rapport du département d’Etat américain publié vendredi.

 

 

L’Algérie reste un « partenaire-clé » dans les efforts mondiaux de lutte contre le terrorisme, lit-on dans le rapport 2014 du département d’Etat américain publié vendredi, qui souligne que les autorités algériennes ont poursuivi l’effort engagé depuis une décennie pour renforcer les capacités de l’armée et des services de sécurité.

Le rapport évoque la restructuration des services de renseignements en septembre 2013 qui a été suivie, en juin 2014, par un décret présidentiel qui « a restauré une certaine autorité de police judiciaire au DRS, le service de renseignements de l’Algérie ».

Ce décret, observe le rapport, a créé un « nouveau service d’investigation judicaire sous la juridiction aussi bien du DRS que du procureur général ». La publication d’un décret officiel lié aux activités du DRS peut être « considérée comme une tentative d’apporter plus de transparence au fonctionnement de l’institution ».

 

Le département d’Etat : Rien ne va avec Rabat…

 

La seule « critique » ou « regret » dans le chapitre Algérie du rapport mondial 2014 sur le terrorisme se rapporte à la faiblesse de la coopération sécuritaire entre Alger et Rabat.

Les deux pays participent, avec la Tunisie, le Burkina, le Nigeria et le Sénégal à plusieurs programmes américains dont le plus connu est le Partenariat transsaharien contre le terrorisme (Trans-Sahara Counter Terrorism Partnership – TSCTP) qui remplace depuis 2005 l’Initiative pan-Sahel (Pan-Sahel Initiative – PSI).

Malgré cette participation de l’Algérie et du Maroc à ces programmes, le « niveau de leur coopération bilatérale dans la lutte contre le terrorisme ne s’est pas améliorée en 2014 » souligne le rapport du département d’Etat.

« Le désaccord politique entre l’Algérie et le Maroc sur le Sahara Occidental reste un obstacle à la coopération dans le contre-terrorisme bilatérale et régional ».

 

… En revanche, tout va bien avec Tunis

 

A l’inverse, le rapport note que la coopération sécuritaire avec la Tunisie s’est intensifiée. Les forces armées algériennes ont « augmenté la coopération sécuritaire avec leurs homologues tunisiens pour réduire les flux d’armes ». Les mesures de sécurité à la frontière incluent la mise en place de nouveaux points de contrôle et des patrouilles communes le long des frontières, le partage des renseignements, ainsi que des programmes de formation et d’équipement ».

Le rapport relève que l’instabilité politique et sécuritaire dans la région a contribué à la menace terroriste en Algérie. « Des groupes extrémistes violents et des réseaux criminels au Sahel » ont tenté d’agir autour des près de « 4.000 miles de frontières algériennes » avec des menaces de représailles à la suite de l’intervention militaire internationale au Mali, du trafic d’armes en provenance de Libye ou de Tunisie, ainsi que des trafics de stupéfiants et des trafics humains constituent les « principales menaces externes » et rendent la « coordination régionale sur la sécurité des frontières une nécessité ».

 

« La sécurité des frontières, une priorité absolue« 

 

Le gouvernement algérien a fréquemment souligné lien entre « l’activité terroriste, le crime organisé et les narcotrafiquants au Maghreb et au Sahel ». La sécurité des frontières est une « priorité absolue » pour le gouvernement algérien, qui veut se prémunir contre l’infiltration des trafiquants et de terroristes venus des pays voisins ».

Le rapport souligne les efforts déployés à cet effet avec une augmentation des effectifs militaires dans le sud et des mesures de sécurité transfrontalières renforcées, la mise en place de nouvelles technologies de surveillance et l’amélioration des systèmes de communication déployés aux frontières avec la Tunisie, Libye, Mali, Mauritanie et le Maroc.

AQMI (al-Qaïda au Maghreb islamique) de Abdelmalek Droudkel et al-Murabitoun de Mokhtar Belmokhtar continuent de représenter une « menace » beaucoup plus pesante que le « groupe terroriste Jund al-Khilafat fi Ard al-Jazayer », apparu en 2014 à la suite d’une scission de l’AQMI et qui a juré allégeance à l’Etat islamique en Irak et dans le Levant (ISIL, Daech). Le rapport note qu’il existe une « forte menace d’enlèvement », notamment dans les zones montagneuses de Kabylie et dans le grand sud.

 

L’impact du chaos libyen

 

En Libye, note le rapport, les conflits civils, la prolifération des groupes armés, la panne de l’Etat ont fourni « un espace et un refuge pour les groupes terroristes ». L’absence d’institutions de sécurité, l’accès facile aux armes et des frontières poreuses donnent aux groupes extrémistes violents « d’importantes possibilités d’agir et de planifier les opérations ». Le rapport souligne que les affiliés au Daech (EI) étaient actifs en Libye en 2014.

Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) a également profité de l’instabilité dans la région, notamment en Libye et au Mali. L’organisation terroriste et ses filiales ont mené des « attaques de grande envergure » en avril et juillet 2014 contre les forces de sécurité algériennes et tunisiennes « près du repli du groupe dans le mont Châambi qui chevauche les deux pays ».

Aqmi, souligne le rapport, a renforcé sa coordination avec Ansar al-charia en Tunisie en partie à cause du « refuge » qu’ils ont trouvé dans « une Libye de plus en plus chaotique ». Enfin, observe-t-il, les enlèvements et versement de rançon ont continué à alimenter AQMI de « montants importants ».

(*) Cet article a été publié initialement sur le Huffington Post Algérie.

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